Fin annoncée d’Autolib’ à Paris : des usagers dépités
Lancé depuis 2011, le service d’auto-partage Autolib’ vit vraisemblablement ses derniers jours. Une annonce qui inquiète les utilisateurs réguliers.
« Ah oui, j'ai appris que c'était peut-être fini, je suis deg (NDLR : dégoûté) », lâche Emmanuelle, 35 ans, tout en essayant d'ouvrir le coffre d'une Bluecar pour y glisser une poussette. Rencontrée ce samedi à la borne située boulevard Delessert (XVIe), cette Parisienne raconte avoir pris son premier abonnement, il y a quatre ou cinq ans. Depuis, la trentenaire ne peut plus s'en passer.
« Je l'utilise presque tous les jours, relate-t-elle. L'idée, c'est de commencer la journée à pied et de prendre la voiture si besoin pour faire une course ou pour rentrer de soirée. » Des habitudes du quotidien, qui pourraient bientôt prendre fin, car le syndicat Autolib'Velib'Métropole a annoncé qu'il allait résilier le contrat qui l'unissait avec le groupe Bolloré lors du comité syndical du 21 juin. Et donc, mettre un point final au service d'auto-partage lancé depuis 2011 dans Paris et les communes limitrophes, devenu depuis un véritable gouffre financier.
« Ca répond à un vrai besoin »
Parmi les usagers rencontrés, à l'image d'Emmanuelle, c'est la déception qui prime et les polémiques sur la propreté de ces véhicules semblent déjà loin. « Je me suis vraiment déshabituée des transports en commun et je n'aime pas trop prendre des VTC (NDLR : l'acronyme pour voiture de transport avec chauffeur, comme l'entreprise Uber ou leCab) », glisse une habituée. Pour elle, Autolib' répond à « un vrai besoin ». A ses côtés, Sébastien confirme : « On va à Porte Maillot, ce n'est pas très loin, mais avec une poussette dans les transports en commun, c'est vraiment la galère… » Près de 150 000 Franciliens disposent ainsi d'un abonnement au service Autolib'. Les deux tiers sont des abonnés premium, soit engagés pour un an à 10 € par mois.
Des nouvelles offres ?
Et même parmi les utilisateurs occasionnels, on redoute la fin. Croisée à la borne de Châtelet, Maïté, 34 ans, prend une Bluecar pour la première fois, car elle participe à un vide-greniers le lendemain dans le XIXe. « J'ai beaucoup de choses à transporter et je n'ai qu'à me garer à la borne tout près de mon emplacement, c'est pratique ! » Hors de question, pour elle, d'acheter éventuellement une voiture, « c'est trop compliqué à Paris. »
En attendant, certains pensent déjà à l'après. Félix, 30 ans, utilise le service d'auto-partage une fois tous les deux mois environ pour aller voir ses parents en banlieue. « J'imagine que si ça s'arrête vraiment, il y aura forcément une autre offre qui va se créer, c'est obligé… »