La messe des charcutiers se termine par un buffet

 La messe des charcutiers se termine par un buffet

    Pas banale, cette messe-là. Hier soir, dans l'église Saint-Eustache (IVe), les fidèles avaient de drôles d'accoutrements. Des toques blanches ou de grandes capes marine et orâ?¦ Et cela ne sentait pas que l'encens, mais davantage le pâté de campagneâ?¦ De quoi déboussoler plus d'un badaud non initié, qui a découvert avec étonnement que, ce soir-là, comme une fois par an depuis deux cent un ans, les charcutiers-traiteurs et les traiteurs, rendaient hommage à leurs morts lors d'une traditionnelle messe du souvenir de la charcuterie française.

    « Mais qu'est-ce que c'est que ce truc? »

    Sous les armes de la Confrérie des chevaliers de Saint-Antoine â?? qui défend la viande de porc et tout ce qu'on fait de bon avec â?? les neuf membres du conseil magistral dominaient solennellement l'assemblée. Devant une vingtaine de charcutiers en tenue affublés de toques immaculées qui tanguaient au rythme des prières, cela donnait un air surréaliste à la scèneâ?¦ « Mais qu'est-ce que c'est que ce truc? » glissait une Parisienne en jogging rentrée par hasard dans l'église en rentrant de la salle de gym. Rien de trivial là-dedans cependant. Bien au contraire. Les voix des Chanteurs de Saint-Eustache, la fabuleuse hauteur de la nef (plus de 33 m), l'orgue de chÅ?urâ?¦ il y avait là de la beauté et beaucoup d'émotion. Et aussi beaucoup de gourmandise. Joliment disposé à l'entrée de l'église, le solide buffet de charcuteries françaises maison et de vins était des plus époustouflant. « Encore heureux! » lance Philippe, un charcutier de l'Oise, qui ne rate jamais depuis douze ans « cette occasion ancestrale de faire la fête! »