LA RATP invente le « GPS souterrain »

«Faire demi-tour. Puis prendre le couloir de gauche. » Equipée d'un téléphone portable, d'une paire d'écouteurs et de sa canne blanche, Nadine se laisse guider par une voix qui lui souffle son itinéraire. Attentive, cette quinquagénaire s'arrête quelques secondes avant de reprendre son chemin dans la bouche de métro. Cette « voix » qu'elle écoute, c'est BlueEyes, un système de guidage audiovisuel testé la semaine dernière de mercredi à vendredi par la RATP avant un lancement plus large.

Trente personnes déficientes visuelles, comme Nadine, ont déjà expérimenté ce procédé conçu par la société Fabernovel. Objectif : permettre à des personnes aveugles ou malvoyantes de se déplacer plus facilement dans le métro et le RER.

BlueEyes s'appuie sur 200 balises Bluetooth, réparties dans les 4 stations-test. « A chaque fois que l'utilisateur s'approche d'une balise, un message vocal lui est transmis sur son téléphone », explique Danielle Gance, chef de projet pour la RATP. La « synthèse vocale » au bout du fil lui indique quel couloir prendre, vers quelle sortie se diriger et le rappelle à l'ordre s'il se trompe de direction. « C'est rassurant. Surtout quand on ne connaît pas le trajet », confie Nadine, aveugle de naissance et utilisatrice régulière de la ligne 5. « Cela nous apporterait une grande autonomie », ajoute Bruno, 31 ans, malvoyant.

Une telle innovation suscite beaucoup d'attentes. « Nous ne sommes qu'à la phase expérimentale », tient à préciser Danielle Gance. « BlueEyes est encore largement perfectible. » Fin mai, des voyageurs de plus de 60 ans et des utilisateurs occasionnels pourront le tester. De juin à septembre, BlueEyes s'ouvrira au grand public : tout le monde pourra télécharger l'application sur son portable à partir du site Ratp.fr. Mais pas de précipitations. Si le projet est définitivement adopté par la RATP et le Stif, il faudra encore deux à trois ans avant que l'ensemble des 381 stations de métro ne soient équipées.