Airbnb sponsor des JO de Paris 2024 : la Ville crie «au scandale»

L’officialisation du partenariat est tombée ce lundi. La plate-forme de location devient sponsor majeur du comité international olympique jusqu’en 2028. Un comble pour la capitale qui lutte contre Airbnb.

 Le mois dernier des militants du Droit au logement avaient manifesté devant le Louvre. Comme beaucoup, ils dénoncent la présence de la plate-forme dans la capitale.
Le mois dernier des militants du Droit au logement avaient manifesté devant le Louvre. Comme beaucoup, ils dénoncent la présence de la plate-forme dans la capitale. LP/B.H.

    Ian Brossat (PCF), l'adjoint au logement d'Anne Hidalgo (PS), a failli s'étrangler quand l'annonce officielle est tombée ce lundi. Airbnb sera l'un des sponsors majeurs des Jeux olympiques jusqu'en 2028 (5 olympiades) donc… pendant le grand rendez-vous parisien de 2024! Cet accord est un couteau planté dans le dos de la maire et de son adjoint. En effet, les deux élus croisent le fer depuis de longues semaines avec la plate-forme sur l'obligation de posséder un numéro d'enregistrement pour louer son logement. D'ailleurs ce mardi, Ian Brossat sera au Luxembourg devant la cour de justice de l'union européenne, assigné par Airbnb, qui conteste la validée du règlement parisien appliqué également par de nombreux pays.

    « C'est un choix scandaleux et irresponsable au regard des conséquences désastreuses qu'a Airbnb sur le logement à Paris ou dans nos villes, clame Brossat. Paris est en contentieux avec cette plate-forme. D'ailleurs la maire a alerté le comité international olympique (CIO) par courrier quand le partenariat a commencé à être évoqué sur le caractère inopportun de cette alliance. » Si la Ville avait réussi à faire plier le comité d'organisation des JO (COJO) dans son désir de signer avec le pétrolier Total, elle n'a en revanche aucune influence sur le CIO et son président Thomas Bach.

    Anne Hidalgo a écrit à Thomas Bach

    Dans la missive envoyée par Anne Hidalgo vendredi dernier, la maire attirait l'attention de la maison olympique sur les conséquences d'Airbnb sur le logement à Paris (NDLR : 70 000 logements intra-muros sont disponibles sur le site). D'après l'élue cette plate-forme est responsable de l'augmentation des loyers, de l'aggravation de la pénurie de logement sur le marché locatif qui touche notamment les classes moyennes. Nuisances pour les voisins, perte pour le secteur hôtelier, déstabilisation des commerces sont également pointés du doigt. D'ailleurs Anne Hidalgo affirme dans cette lettre qu'elle ne cessera pas son action pour renforcer les règles encadrant les plates-formes de location (NDLR : 120 nuitées maximum par an dans la capitale à l'heure actuelle).

    Interdire totalement Airbnb dans le centre ?

    Dans l'entourage de la maire, on affirme d'ailleurs toujours réfléchir à une interdiction totale des plates-formes de location de meublés touristiques dans certains quartiers du centre de la capitale. Le duel Airbnb - mairie de Paris ne fait donc que débuter. Mais quoi qu'il arrive en 2024, le logo de la célèbre entreprise sera présent sur toutes les affiches officielles avec le chinois Alibaba ou l'Américain Coca-Cola. Une visibilité énorme pour la marque dont la France est le second marché le plus lucratif après les Etats-Unis.

    Le débat devrait en tout cas prochainement rebondir à l'Assemblée nationale. Après les sénateurs, ce seront les députés qui devront se prononcer sur ces plates-formes et sur la réglementation qu'il convient d'adapter ou non pour limiter leur influence dans les grandes villes françaises et notamment… Paris.

    Quoi qu'il arrive, la Ville réfléchit, après l'échéance des élections municipales de mars 2020, à demander leur avis aux Parisiens via un référendum. « Dans cette histoire entre Airbnb et CIO nous n'y pouvions pas grand-chose. Il s'agit d'une institution internationale et de marketing international, attaque Jean-François Martins (radical de gauche, centre et indépendants) l'adjoint du sport de la maire. En revanche, nous attendons d'eux qu'ils respectent la loi et qu'ils se conforment à la réglementation qui ne manquera pas d'évoluer. C'est dans ce cadre, que nous prévoyons de solliciter les Parisiens après mars 2020 si Anne Hidalgo est candidate bien évidemment… »

    Tony Estanguet temporise