Les Parisiens disent oui à Lulu dans ma rue

Terre-plein Saint-Paul (IVe), hier. Charles-Edouard Vincent, le directeur de Lulu dans ma rue, a de quoi sourire : son kiosque, qui offre les services d’habitants du quartier pour réaliser des menus travaux, revendique 2 000 clients après un an d’existence.
Terre-plein Saint-Paul (IVe), hier. Charles-Edouard Vincent, le directeur de Lulu dans ma rue, a de quoi sourire : son kiosque, qui offre les services d’habitants du quartier pour réaliser des menus travaux, revendique 2 000 clients après un an d’existence. (LP/Ph.B.)

    Série Paris solidaire. Les initiatives se multiplient dans tout Paris pour faire vivre la solidarité à tous les coins de rue, comme le relate le livre « Paris Solidaire » (éditions Parigramme). Recycler des vêtements, proposer des repas à bas prix, créer des événements qui facilitent les échanges et les rencontres surprises… Aujourd'hui, zoom sur le kiosque qui veut créer du lien social : Lulu dans ma rue.

    Un an après son ouverture sur le terre-plein Saint-Paul (IVe) le 8 avril 2015, les Parisiens — du moins ceux qui habitent le Marais — plébiscitent le kiosque Lulu dans ma rue*. « Les résultats sont au-delà de nos espérances. Nous avons créé un marché », se réjouit Charles-Edouard Vincent, 44 ans, le polytechnicien qui a eu l'intuition de ce nouveau service de conciergerie de proximité.

    Rendre service et vaincre la solitude

    Forte d'un taux de croissance de 15 % par mois, cette association — qui met en relation des habitants ayant besoin d'un coup de main et des personnes de confiance, les fameux « Lulu », capables de résoudre leur problème — reçoit 35 commandes par jour « traitées dans les 24 heures ». Et revendique 2 000 clients dont 60 % sont devenus des habitués. Qu'il s'agisse de bricolage (40 % des demandes), de ménage (20 %), de baby-sitting (10 %), d'assistance informatique (10 %), de manutention (10 %) ou de coups de main divers (10 %), le tarif d'intervention (de 5 à 10 € les 20 minutes) est des plus modiques.

    De la retraitée en quête d'un partenaire pour disputer une partie de rami à cette mère de famille sollicitant un « Lulu » pour jouer deux heures aux Lego avec son fils, en passant par la gastronome qui attend chaque vendredi entre 18 et 19 heures sa livraison d'« une douzaine d'huîtres, oursins et crevettes », les demandes sont parfois insolites. Mais cet inventaire de requêtes à la Prévert prouve que les Parisiens se sont approprié le concept.

    Ce florilège témoigne aussi « de la solitude et de l'isolement à Paris auxquels nous apportons une réponse très concrète », observe Charles-Edouard Vincent qui entend « remettre de l'humain dans le quotidien ». Lulu bricoleurs (pour poser une tringle à rideaux), Lulu animaux (qui gardent chiens et chats pendant les vacances), Lulu gros bras (pour descendre le canapé à la cave)... : aujourd'hui, 70 Lulus (35 hommes, 35 femmes) sont référencés. Agés de 19 à 67 ans, tous ont le statut d'autoentrepreneur. Qu'il soit étudiant, ancien chômeur ou retraité, chaque Lulu à son domaine de compétences. Une douzaine d'entre eux exerçant cette activité à temps complet, gagnent plus de 1 000 € par mois. « Et quatre ont retrouvé un emploi dans le privé en CDI », affirme Charles-Edouard Vincent dont l'association prend une commission de 15 % sur chaque prestation.

    Dans un pays qui compte plus de 3,5 millions de chômeurs, le succès de Lulu dans ma rue démontre que des personnes allocataires du RSA (revenu de solidarité active) sans travail depuis longtemps, peuvent reprendre confiance en elles pour peu que l'occasion leur en soit donnée. Et retrouver ainsi le chemin de l'emploi.

    * Terre-plein Saint-Paul (IV e), M° Saint-Paul. Ouvert du lundi au vendredi de 9 heures à 19 h 30, samedi de 10 heures à 19 h 30. Luludansmarue.org ou 01.73.74.89.52.