Logement à Paris : «L’objectif de la Ville est que la crise sanitaire ne se transforme pas en crise sociale»

Ian Brossat, élu communiste de Paris et adjoint au logement, a négocié avec les bailleurs sociaux de la Ville une palette d’aide aux locataires en difficulté à cause de la crise du coronavirus.

 Ian Brossat, adjoint (PC) à la maire de Paris chargé du logement.
Ian Brossat, adjoint (PC) à la maire de Paris chargé du logement. LP/Delphine Goldsztejn

    Les difficultés des locataires à cause du coronavirus et du confinement sont une évidence à Paris comme en Ile-de-France. Adjoint (PCF) à la maire de Paris en charge au logement, Ian Brossat explique la situation.

    Vous tentez aujourd'hui de venir en aide aux locataires des bailleurs sociaux ?

    Un certain nombre de locataires ont vu leurs revenus baisser depuis la mise en place du confinement. Soit parce qu'ils sont au chômage partiel, soit parce qu'ils sont indépendants (entre 5 et 10% de nos locataires sont indépendants). Et ils ont vu fondre ou disparaître totalement leurs revenus. Notre objectif est que la crise sanitaire ne se transforme pas en crise sociale. Aider ces locataires, les accompagner pour faire en sorte que cette situation ne leur pèse pas trop sur le plan financier est une évidence.

    Il y avait urgence ?

    Assez vite nous avons compris qu'une proportion non négligeable de locataires serait en difficulté. Depuis deux semaines nous avons travaillé sur ce sujet. Dans bailleur social, il y a social. Nous avons vocation à avoir une attention particulière pour les publics les plus fragiles. C'est eux que nous logeons. Il ne faudrait pas qu'ils se retrouvent dans une situation encore plus difficile. C'est une approche au cas par cas.

    Combien cela peut-il coûter aux bailleurs sociaux ?

    On a commencé par les bailleurs sociaux qui dépendent directement de la Ville : Paris Habitat, la régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP) et Elogie Siemp. Cela correspond à 90% des logements sociaux de la Ville. Puis 3F, la Sablière et les autres se sont engagés dans la même démarche. C'est moins un coût pour le bailleur, qu'un étalement du versement qui leur est dû, sur les charges et sur le loyer. C'est un effort que les bailleurs font sur leur trésorerie. On aura besoin, dans les mois à venir, que l'Etat vienne en aide aux bailleurs sociaux, si on veut que la machine reparte, une fois le confinement terminé.

    Vous venez en aide aux locataires du public. Pourriez-vous venir en aide aux locataires du privé ?

    C'est évidemment plus compliqué. La Ville de Paris n'a pas la main sur le parc privé. Nous nous sommes battus néanmoins pour remettre en place l'encadrement des loyers afin de maîtriser les niveaux du marché. Mais sur la question des dettes d'éventuelles des locataires, il existe un accompagnement par l'Agence départementale d'information sur le logement (Adil) et les conseillers de la Ville sont à leur disposition pour leur donner des conseils sur le plan juridique.

    Ces mesures vont durer combien de temps ?

    Il n'y a pas de limite de temps et ce sera en application tant qu'il le faudra, même au-delà du déconfinement.