93, rue Lauriston : Goasguen ne renonce pas

93, rue Lauriston : Goasguen ne renonce pas

    Rebondissement dans l'affaire du 93, rue Lauriston (XVI e ), siège de la Gestapo française sous l'Occupation. Lundi dernier, le conseil d'arrondissement du XVI e avait créé la polémique en se prononçant pour la modification de l'adresse en 91 bis. La requête avait été formulée par la chambre de commerce franco-arabe (CCFA), locataire des lieux, qui se disait « embarrassée » par le passé de l'édifice. Une semaine plus tard, l'institution présidée par l'ancien ministre des Affaires étrangères Hervé de Charette explique vouloir faire « machine arrière ». « Devant l'émotion suscitée par ce voeu, nous préférons renoncer au changement d'adresse, annonce Eric Hélard, directeur de cabinet d'Hervé de Charette, et conseiller de Paris du XVI e . Nous avons pris la décision ferme de déménager, et nous sommes déjà à la recherche de nouveaux locaux.  Pour nous, cette affaire est close. »

    Mais le dossier n'est pas enterré pour tout le monde.  Le maire (UMP) du XVI e , Claude Goasguen, qui avait présenté et soutenu le voeu en conseil d'arrondissement, n'a pas l'intention de faire marche arrière. « Le débat est lancé et il n'est pas question de le refermer, dit-on au cabinet du maire. Ce voeu fait partie d'une volonté politique de changer l'image du XVI e qui continue de pâtir de certains clichés appartenant au passé. Claude Goasguen veut se donner le temps de recueillir l'avis de la population, et prendra une décision en conséquence. »

    A l'Hôtel de Ville, on reprend à son compte le terme de « révisionnisme » utilisé par le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) pour qualifier le projet. « C'est une forme de révisionnisme dans le sens ou l'on veut réécrire l'histoire, soutient Catherine Vieu-Charier, adjointe de Bertrand Delanoë chargée de la mémoire. Ceux qui habitent le XVI e aujourd'hui ne sont pas responsables des crimes commis sous l'Occupation. Défendre le contraire est à la fois dérisoire et pathétique. » L'adjointe ajoute que l'Hôtel de Ville envisagerait de faire du 93, rue Lauriston, un lieu de mémoire.