Paris : et si l’ancien commissariat du IIe était transformé en logements sociaux ?

L’adjoint au logement de la mairie est venu apporter son soutien aux mal-logés qui occupent l’ex-commissariat du IIe et pourraient être expulsés très prochainement.

 18, rue du Croissant (IIe). Echarpe d’élu en bandoulière, l’adjoint au Logement de la maire de Paris est venu apporter son soutien aux mal-logés menacés d’expulsion.
18, rue du Croissant (IIe). Echarpe d’élu en bandoulière, l’adjoint au Logement de la maire de Paris est venu apporter son soutien aux mal-logés menacés d’expulsion. LP/B.H.

    De nouveaux logements sociaux plutôt qu'un nouvel hôtel 4 étoiles… Voilà le souhait de Ian Brossat, adjoint (PC) à la maire de Paris en charge du logement, pour l'immeuble du 18, rue du Croissant (IIe).

    A peine sorti du premier Conseil de Paris de la mandature où il a été reconduit dans ses fonctions, l'élu, écharpe tricolore en bandoulière, est venu le dire ce vendredi aux 33 familles de mal-logés installées depuis janvier dernier dans le bâtiment qui a longtemps accueilli le commissariat d'arrondissement.

    70 squatteurs, dont 17 enfants

    Un message rassurant pour les 70 « squatteurs » – dont 17 enfants — soutenus par le DAL (Droit au logement) tant leur expulsion, prononcée ce jeudi par le tribunal de Paris, semble désormais proche. Le bâtiment occupé, dont la Préfecture de police n'était que locataire, appartient à une société foncière privée… qui l'a déjà revendu (sous la forme d'un bail à construction) au groupe hôtelier néerlandais Citizen M. Lequel prévoit de raser l'ancien commissariat pour reconstruire un hôtel de luxe à la place.

    Cette situation juridico-immobilière complexe a d'abord joué en faveur des occupants illégaux. Une première procédure judiciaire intentée devant le tribunal administratif par la préfecture de police (locataire mais toujours responsable du bâtiment au moment de l'installation des mal-logés) avait été rejetée en janvier.

    La deuxième procédure - un référé-expulsion demandé cette fois par la société foncière propriétaire du site - devait être examinée juste avant le confinement. Elle avait été reportée. L'audience s'est finalement tenue début juin et vient de se solder par une ordonnance d'expulsion immédiate pour les familles (pour la plupart prioritaire DALO) qui vivent rue du Croissant depuis 6 mois.

    Condamnés par la justice à payer plus de 2800€ par ménage

    « C'est un jugement d'une sévérité inédite », note Jean-Baptiste Eyraud, responsable du DAL, en rappelant que les squatteurs ont été condamnés au paiement d'une indemnité de 16 € par famille et par jour d'occupation. Soit une facture de plus de 2 800€ par ménage ! Le DAL, qui a soutenu les occupants, a été condamné à la même indemnité. « Le retour du délit de solidarité », résume le responsable de l'association en réclamant des solutions de relogement avant toute expulsion et un rachat de l'immeuble pour y faire du logement.

    « Nous sommes à vos côtés dans cette lutte », assure Ian Brossat qui souhaiterait pouvoir appliquer à l'immeuble de la rue du Croissant la même « recette » que pour le 24, rue de la Banque tout proche. Cet immeuble de bureaux vide, longtemps squatté par des mal-logés (déjà avec le soutien du Dal), avait été racheté par la Ville qui l'avait transformé en immeuble d'habitation.

    La préemption par la Ville du bâtiment de l'ex-commissariat (déjà cédé à CitizenM qui a obtenu un permis de construire pour son projet hôtelier) sera sans doute plus difficile. « C'est un dossier complexe », reconnaît Ian Brossat. « Mais nous allons mettre le paquet pour régler ce dossier symbolique. Les immeubles de bureaux vides vont être de plus en plus nombreux dans Paris. Leur transformation en logements va être une question fondamentale de cette nouvelle mandature », conclut-il.