Gilets jaunes à Paris : le nouveau préfet de police sous la pression des élus

Présenté aux élus parisiens lors du Conseil de Paris, le nouveau préfet de police, Didier Lallement, est revenu sur la gestion du mouvement des Gilets jaunes dans la capitale.

 Hôtel de Ville (IVe), mardi 2 avril. Le nouveau de préfet de police Didier Lallement a participé à son premier Conseil de Paris aux côtés de la maire de Paris Anne Hidalgo.
Hôtel de Ville (IVe), mardi 2 avril. Le nouveau de préfet de police Didier Lallement a participé à son premier Conseil de Paris aux côtés de la maire de Paris Anne Hidalgo. LP/J.D.

    Alors que la capitale se prépare samedi à l'acte XXI du mouvement des Gilets jaunes et d'une mobilisation d'ampleur le 20 avril, c'est dans un contexte très particulier que le nouveau préfet de police de Paris Didier Lallement a participé ce mardi matin à son premier Conseil de Paris. Un véritable baptême du feu puisqu'il a débuté par un long débat de 2 h 30 sur la « sécurité lors des manifestations parisiennes ».

    Le haut fonctionnaire, nommé au lendemain des violences et pillages du samedi 16 mars qui avaient entraîné le limogeage de son prédécesseur Michel Delpuech, était assis à la droite d'Anne Hidalgo. Laquelle a donné le ton évoquant une crise inédite. « Je refuse que samedi après samedi, Paris devienne le théâtre de véritables scènes d'émeutes » a-t-elle prévenu évoquant une facture de 7 M€ sur le seul mobilier urbain. « Il est donc très urgent de mieux protéger Paris ».

    Sur les bancs de la gauche, la méfiance prédomine. L'utilisation des LBD et des « brigades de répression de l'action violente » à moto inquiètent plusieurs élus de la majorité. « Vous arrivez nanti d'une aura d'homme à poigne, cela ne m'impressionne pas », lâche d'emblée Pascal Cherki, du groupe Génération.s, l'invitant à « laisser au vestiaire tout esprit partisan ».

    Sous le feu des attaques d'une partie de la gauche

    « Faut-il et comment vous souhaitez la bienvenue ? » enchaîne l'insoumise Danielle Simonnet. « Quelle sera votre politique ? Quelles armes seront utilisées ? Avec quelles conséquences ? », égrène David Belliard, patron du groupe écologiste.

    A droite et chez les macronistes évidemment, c'est plutôt sur le maintien de l'ordre que le préfet de police est attendu. « Tout l'arsenal juridique doit être utilisé pour prévenir les violences » exhorte Maud Gatel, du groupe UDI-MoDem, qui appelle la Ville « à transmettre une bonne information et retirer des rues le matériel dangereux » avant les manifestations.

    Sur le même thème, le maire LR du XVIIe Geoffroy Boulard regrette une coopération défaillante entre la Ville et la préfecture de police sur le retrait du mobilier urbain. « Le cloisonnement des cellules de crise entre la mairie et la préfecture n'a pas permis une réelle coordination » assure-t-il.

    Le préfet va recevoir les élus avant l'acte XXI

    Si le préfet de police a écarté la piste d'une cellule de crise unifiée, il a dit avoir « entendu le message » des élus. « Je mesure parfaitement l'attente qui est la vôtre, celle de votre conseil et de l'ensemble des Parisiens, face à la situation que vous avez connue depuis 20 semaines » a-t-il reconnu. Comme son prédécesseur, il s'engage à recevoir les élus à la veille de chaque manifestation notamment pour transmettre « les plans des cheminements exacts des manifestations déclarés ».

    Bientôt une réunion des maires d'arrondissement

    Défendant « de nouveaux dispositifs » de maintien de l'ordre basés sur des forces plus autonomes et plus mobiles, Didier Lallement s'est montré néanmoins prudent sur les prochaines manifestations. « D'autres moments difficiles seraient à venir, peut-être à la fin du mois, probablement au début du mois suivant (NDLR : lors des manifestations du 1er mai) » a-t-il expliqué, soulignant sa « détermination ». De son côté, Colombe Brossel, l'adjointe (PS) à la Sécurité a proposé de réunir prochainement l'ensemble des maires sur le sujet, soulignant que « quasiment l'ensemble des arrondissements ont été touchés par les violences ».