Paris : pour la colline du crack, la Ville appelle à l’aide de l’Etat

Démantelé voici un mois, le squat de toxicomanes de la porte de la Chapelle (XVIIIe) est de retour. Avec son cortège de nuisances et d’insécurité. La Ville rappelle l’Etat à ses responsabilités.

 Paris, le 27 juin. Evacuation de la colline au crack au niveau de la bretelle d’accès au périphérique de porte de la chapelle.
Paris, le 27 juin. Evacuation de la colline au crack au niveau de la bretelle d’accès au périphérique de porte de la chapelle. LP/Jean Nicholas Guillo

    Il y aura demain un mois jour pour jour, le 27 juin, la Porte de la Chapelle (XVIII e ), gangrenée par le trafic de drogue, reprenait espoir. Une vaste opération de démantèlement de la Colline du crack, ce sinistre terrain vague peuplé d'une centaine de toxicomanes, perdu entre l'embranchement de l'autoroute A1 et le périphérique, était organisée.

    L'évacuation, organisée conjointement par la préfecture de police et celle d'Ile-de-France, sur saisine d'Anne Hidalgo, la maire (PS) de Paris, avait permis d'orienter 42 personnes, dont 17 femmes, vers des lieux d'hébergement et de traitement des addictions, 70 toxicomanes ont été hébergés à l'hôtel avec prise en charge dans le cadre d'un parcours de soins. 50 autres avaient refusé les propositions faites.

    Mais, quelques jours plus tard, le quartier a assisté à un retour en force des crackers et des dealers : ce jeudi, Porte de La Chapelle, la Colline avait repris ses allures d'avant le 27 juin.

    Des dizaines d'hommes et de femmes dans un village de bric et de broc, surveillé nuit et jour par les dealers. De l'insécurité, de la violence, avec, en point d'orgue, l'agression, dans la nuit de samedi à dimanche dernier, d'une automobiliste qui a reçu un pavé à travers sa vitre de voiture.

    L'Etat appelé à prendre ses responsabilités

    Devant une situation devenue une nouvelle fois tant critique qu'ingérable, la Ville a appelé hier l'Etat à la rescousse. « Cela dure depuis déjà trop longtemps. La prise en charge sanitaire et sociale complète des toxicomanes est nécessaire, martèle Bruno Julliard, le premier adjoint d'Anne Hidalgo. Paris démultiplie les initiatives et renforce ses moyens, bien plus qu'elle n'est obligée de le faire : il faut que l'Etat s'implique. La Ville ne peut agir seule. Il est étonnant de constater que nous devions systématiquement interpeller plusieurs fois l'Etat avant que chacun prenne ses responsabilités. Il y a déjà eu trois mois de pourrissement inacceptable avant que les migrants du Millénaire soient mis à l'abri. » « Mais, termine Bruno Julliard, nous n'avons pas trois mois devant nous, il faut agir tout de suite et penser les choses de façon pérenne pour garantir l'ordre public, la sécurité des riverains. »

    Pierre Liscia, élu (LR) dans le XVIIIe, appelle depuis des semaines à un plan « Orsec » pour la Chapelle. Valérie Pécresse (LR) a également écrit au Premier ministre tout comme la maire de Paris qui a interpellé le 11 juillet dernier, Edouard Philippe sur le sujet.

    Mais, devant une problématique qui s'aggrave de jour en jour, la Ville demande un renforcement de la présence des policiers, sur le boulevard Ney et le secteur de Stalingrad. « Il est urgent que l'Etat se mobilise pour garantir la sécurité des riverains, souligne Colombe Brossel, adjointe à la sécurité de la maire de Paris, lutter contre les violences et agressions, agir contre le trafic à ciel ouvert ».