Paris : sous le périph, le campement aux mille migrants grossit

En trois semaines, ce campement de centaines de tentes alignées le long du canal Saint-Denis a triplé de volume. Le maire du XIXe tire la sonnette d’alarme et demande à l’Etat d’agir.

 Paris, quai du Lot (XIXe), ce mardi. En quelques jours, le campement de migrants situé sous le pont du périphérique a dépassé le millier de personnes. Le maire du XIXe tire la sonnette d’alarme.
Paris, quai du Lot (XIXe), ce mardi. En quelques jours, le campement de migrants situé sous le pont du périphérique a dépassé le millier de personnes. Le maire du XIXe tire la sonnette d’alarme. LP/J.D.

    « Nous faisons face à une situation qui est en train de devenir catastrophique » s'alarme le maire (PS) du XIX e François Dagnaud. En l'espace de trois semaines, le campement de migrants qui s'est fixé cet hiver sous le pont du périphérique, entre les portes de la Villette et d'Aubervilliers (XIX e ), a triplé de volume. Ils sont désormais plus d'un millier d'hommes et de femmes à dormir sous des tentes igloo plantées le long du canal Saint-Denis, à deux pas du centre commercial du Millénaire d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). « C'est de plus en plus difficile, souffle Moussa, un Nigérien de 18 ans arrivé il y a deux semaines. Je n'ai pas mangé depuis deux jours ».

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    Malgré l'installation par la Ville d'un point d'eau ce mardi, de huit toilettes et de bennes à ordure il y a quelques jours, la situation sanitaire empire. « Chaque soir, il y a cinquante personnes qui arrivent, il y a des malades : ça devient ingérable », reconnaît Koussay Znaidia, un « citoyen » qui épaule les migrants (il en dénombre 1 400 en se basant sur les repas distribués par les associations). Chez les habitants du quartier, l'émotion grandit : le campement est à proximité immédiate d'une halte-garderie et d'une école. Ce lundi, le maire du XIXe leur a adressé une longue lettre.

    Jeudi dernier, en Conseil de Paris, il avait déjà solennellement interpellé le préfet de police, lui demandant de déployer des « moyens d'envergure ». « Monsieur le préfet, si rien ne bouge, dans quinze jours, ce sont 2 000 personnes qui seront là. […] Même aux marges de Paris, on ne peut pas fermer les yeux ». L'élu est d'autant plus préoccupé qu'il craint un nouvel afflux après la fermeture du centre humanitaire de la Chapelle (XVIII e ), la fameuse « bulle », prévue à la fin du mois. « On risque un retour à la case départ » craint-il.

    Des « mises à l'abri » régulières ont bien été proposées par la préfecture de région et la Ville aux migrants, pour beaucoup Erythréens, Soudanais et Somaliens. Mais beaucoup refusent, soit parce qu'ils sont concernés par la procédure Dublin (qui impose le retour dans le pays européen où leur première demande d'asile a été faite), soit parce qu'ils sont en transit, attendant de rejoindre Calais puis l'Angleterre. Le campement du Millénaire « est aujourd'hui devenu le point de transit principal des migrants à Paris » assure François Dagnaud.

    Sollicitée, la préfecture de police de Paris rappelle que les campements parisiens (les deux autres, plus modestes, sont situés quai de Jemmapes, Xe, et porte de la Chapelle, XVIIIe) sont installés sur le domaine municipal. « Jusqu'à ce jour, aucune initiative n'a été prise par le gestionnaire du site pour obtenir d'un juge une décision permettant de mettre fin à cette occupation » répond, laconique, le cabinet du préfet Michel Delpuech.

    LP/J.D.
    LP/J.D. LP/J.D.