Quand le bio fait reculer les sex-shops

 Quand le bio fait reculer les sex-shops

    Ce n'est pas encore une jumelle de la rue Montorgueil ou une petite sÅ?ur de la rue des Martyrs. Mais la rue Saint-Denis (Ier-IIe), connue depuis plus de cinquante ans pour ses sex-shops et ses filles de joie, s'est assagieâ?¦ Les lourds rideaux rouges ne s'entrouvrent plus aussi régulièrement. Et les prostituées s'y font plus rares. Leurs concurrents? Les commerces bioâ?¦ et bobos.

    Preuve que le plan d'action lancé par la mairie de Paris en 2004 pour lutter contre la monoactivité liée au sexe a porté ses fruits. La Semaest, société d'économie mixte d'aménagement de l'Est parisien, chargée de racheter les locaux des sex-shops pour les louer à de nouveaux commerces, pourra s'en féliciter en présentant ce soir son bilan annuel au conseil d'arrondissement du Ier, et jeudi dans le IIe.

    « Depuis le début de notre mission, nous avons repris huit commerces liés au sexe sur les quarante-trois que compte la rue, et nous les avons remplacés par des commerces de proximit?, détaille Jean-Paul Albertini, le directeur général de la Semaest. Au 175, un cordonnier s'est installé. Au 179, on trouve maintenant un primeur. Et plus récemment, c'est un caviste bio qui a ouvert au 177. « Le dernier arrivé, au 187, est une entreprise de brochettes et corbeilles de fruits, poursuit le directeur. Alors oui, on peut dire que l'évolution de cette rue va dans le bon sens. » D'ailleurs, les candidats se bousculent pour s'installer dans la rue. En 2004, et malgré les conditions attractives proposées par la Semaest â?? elle loue des locaux refaits à neuf, elle ne fait pas payer de droit d'entrée et offre les trois premiers mois de loyer â??, ils n'étaient pas nombreux. « Quand je suis arrivée, l'ambiance était différente, témoigne Louis, gérant du marchand de fruits bio du 179 et le premier logé par la Semaest. C'était un peu spécialâ?¦ Mais j'ai cru au quartier et j'ai eu raison. Aujourd'hui, ça marche! »

    « C'est un peu rock'n'rollâ?¦ »

    Lally, restaurant 100 % bio, vient d'installer son enseigne verte sans aucune aide de la Semaest. « Quand j'ai vu ce local, j'ai tout de suite pensé que c'était l'endroit qu'il nous fallait, explique Lætitia Lallemand, prête à servir sa soupe du jour aux lentilles ou ses pâtes sauce poivrons. Les sex-shops? Oui, c'est un peu rock'n'rollâ?¦ Mais ce qu'on a retenu avec mon oncle, c'est surtout que nous sommes au centre de Paris. Et dans une artère très passante. »

    La rue Saint-Denis ne fait plus frissonner personneâ?¦