Retraite à 64 ans validée par les Sages : à Paris, un mélange de colère et de résignation

Après l’annonce du Conseil constitutionnel, les opposants à la réforme des retraites ont bruyamment manifesté leur déception… avec la crainte de voir la lassitude l’emporter.

Paris (IVe), ce vendredi soir. Des vélos ont été incendiés sur le parvis de l'Hôtel de Ville, avant que la foule ne prenne la direction de la Bastille. LP/Olivier Arandel
Paris (IVe), ce vendredi soir. Des vélos ont été incendiés sur le parvis de l'Hôtel de Ville, avant que la foule ne prenne la direction de la Bastille. LP/Olivier Arandel

    Une heure avant l’annonce du Conseil constitutionnel, vers 17 heures, plusieurs centaines de manifestants avaient déjà investi la place de l’Hôtel de Ville, dans le calme, au son des chants des syndicats étudiants. Juste avant 18 heures, des huées ont parcouru la foule à l’annonce de la décision des Sages, favorables à la réforme des retraites, qui n’a pourtant surpris personne. « La colère de la rue ne trouve aucune réponse du pouvoir, qui ne cherche qu’à mettre de l’huile sur le feu », peste Nora, enseignante en Seine-et-Marne, qui craint que l’usure et la lassitude ne gagnent le mouvement social après des semaines de mobilisation.

    VIDÉO. « Le Conseil constitutionnel vit dans sa bulle » : à Paris, huées et colère à l’annonce de la décision des Sages

    Au milieu de la place, des manifestants craquent des fumigènes, des militants d’Attac collent des affiches antigouvernement sur les anneaux olympiques installés sur la façade de l’hôtel de ville. Deux poubelles sont incendiées près de la fontaine de la rue de Rivoli. « On espère que la mobilisation va continuer d’augmenter, comme après le 49.3, souhaite Ali, étudiant à Paris, déterminé à poursuivre la lutte. Il faut de plus en plus de monde, et que les actions soient de plus en plus radicales. »



    Peu avant 19h30, les premières tensions sont apparues autour de la Rue de Rivoli… L’ambiance se tend. Trois Vélib’brûlent à proximité du manège de l’Hôtel de Ville. Quelques slogans fusent, anticapitalistes et antifascistes, parmi les manifestants qui stationnent sagement, comme dans les minutes qui précèdent le départ d’une course pédestre. Puis, à 19h30, la foule, composée de quelques milliers de personnes, principalement des hommes jeunes, se met spontanément en mouvement rue de Rivoli en direction de la Bastille avant de se disséminer dans les rues perpendiculaires.

    Trottinettes et poubelles renversées, vitrines attaquées

    « Paris, debout, soulève-toi ! » lancent les plus motivés. Personne ne connaît la destination de ces cortèges improvisés. Les clients en terrasse dans les bars du Marais contemplent la foule qui s’écoule bruyamment et parfois avec fracas. Quelques poubelles sont renversées puis brûlées, des rues barrées à l’aide de trottinettes renversées. La vitrine d’un magasin de prêt-à-porter haut de gamme se fissure sous les assauts d’un casseur, sans céder. Mais les cordons de gendarmes mobiles et de CRS finissent par apparaître et dispersent sans difficulté ces grappes humaines obligées de rebrousser chemin. Dans ces cortèges sans queue ni tête, le cœur n’y est plus vraiment.