Affaire Benalla : ce qu’il faut retenir des trois auditions du jour

Quatrième jour d’auditions ce jeudi dans l’affaire Benalla. Michel Delpuech, Alain Gibelin étaient entendus à l’Assemblée nationale, Alexis Kohler au Sénat. Voici ce qu’il faut en retenir.

 Alexis Kohler, secrétaire général de l’Elysée, était auditionnée ce jeudi matin par la commission des Lois du Sénat, dans le cadre de l’affaire Benalla.
Alexis Kohler, secrétaire général de l’Elysée, était auditionnée ce jeudi matin par la commission des Lois du Sénat, dans le cadre de l’affaire Benalla. REUTERS/Philippe Wojazer

    Nouvelle journée d'auditions dans l'affaire Benalla. Au Sénat, la commission des Lois a entendu Alexis Kohler, secrétaire général de l'Elysée, ce jeudi. Le préfet de police de Paris Michel Delpuech et le directeur de l'ordre public Alain Gibelin ont été auditionnés, pour la deuxième fois, par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale.

    Alexis Kohler maintient la version de l'Elysée

    Alexis Kohler, secrétaire général de l'Elysée, a ouvert le bal dès 8h40 devant les sénateurs.

    « Pas de police parallèle à l'Elysée ». En introduction de l'audition, le secrétaire général de l'Elysée a tout d'abord affirmé « qu'il n'existe pas à l'Elysée de police parallèle ». La sécurité d'Emmanuel Macron, a assuré Kohler, est prise en charge par le Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR). « Nous n'employons pas de vigiles privés pour protéger le chef de l'Etat, et monsieur Benalla n'a jamais été en charge de la protection de la présidence de la République », a-t-il souligné. Le rôle d'Alexandre Benalla était d'assurer l'interface « entre la chefferie qui doit coordonner les événements et les services en charge de la sécurité du président. »

    Port d'arme d'Alexandre Benalla : Kohler reste muet. Alexandre Benalla n'est pas en charge de la sécurité, a affirmé Alexis Kohler. Pourtant, il bénéficiait d'une autorisation de port d'arme au titre, selon l'arrêté de port d'arme, de sa « mission de police ». « Je n'ai pas eu à connaître les modalités d'octroi du port d'arme de monsieur Benalla », s'est défendu le secrétaire général de l'Elysée. « Patrick Strzoda vous avait répondu sur ce point, je n'ai rien à ajouter, je suis désolé ».

    La sanction semblait « proportionnée ». Alexis Kohler raconte avoir passé l'après-midi du 1 er mai à son bureau. « J'ai été informé le lendemain, le 2 mai dans la matinée, par le conseiller en charge notamment des réseaux sociaux et le directeur de cabinet » d'une vidéo qui montrait Alexandre Benalla en train de s'en prendre à deux manifestants. Le directeur de cabinet, Patrick Strzoda, lui explique qu'il a convoqué le collaborateur et que ce dernier a reconnu « sa présence sur les lieux et sa participation ». Alexandre Benalla est alors suspendu deux semaines de ses fonctions. « Je maintiens qu'à la lumière des faits connus depuis lors, la sanction peut apparaître insuffisante, mais que symétriquement, au regard des éléments connus le 2 mai, la sanction était proportionnée », soutient Alexis Kohler.

    Alain Gibelin revient sur ses propos

    Le directeur de l'ordre public et de la circulation à la préfecture de police de Paris, Alain Gibelin, était auditionné pour la deuxième fois par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale en début d'après-midi.

    « Je me suis trompé sur les dates ». « Entre le 2 mai et le 18 mai, je n'ai à aucun moment participé à des réunions avec Alexandre Benalla », a affirmé Alain Gibelin. Lundi, il avait indiqué avoir travaillé avec Alexandre Benalla au cours de sa période de suspension, avant de se rétracter. « Je me suis trompé sur les dates » s'est-il de nouveau justifié, expliquant avoir mal compris la question.

    Benalla présent le 1er mai? Il n'avait pas été prévenu. Alain Gibelin confirme qu'il ne savait pas qu'Alexandre Benalla devait participer à la manifestation du 1 er mai. Ensemble, raconte-t-il, ils avaient mentionné cette possibilité mais sans arrêter de date précise. Alain Gibelin aurait évoqué l'équipement nécessaire mais, en « aucun cas, je n'aurais autorisé à équiper Alexandre Benalla d'un brassard de police et d'un poste de radio. » « Il ment », avait taclé Alexandre Benalla ce matin dans une interview au Monde.

    Laurent Simonin à nouveau visé. Le 18 juillet au soir, au moment de la parution de l'enquête du Monde, Laurent Simonin a appelé Alexandre Benalla pour lui faire parvenir des bandes de vidéosurveillance, explique Alain Gibelin. Il est l'un des policiers mis en examen pour avoir transmis ces vidéos à Alexandre Benalla. C'est aussi lui qui a autorisé l'ex-collaborateur d'Emmanuel Macron à être « observateur » le 1 er mai.

    Michel Delpuech reconnaît un « manquement individuel grave »

    Le préfet de police de Paris était lui aussi entendu pour la deuxième fois par les députés.

    « Copinage malsain » : Delpuech s'explique. Les députés ont demandé au préfet d'expliciter l'expression de « copinage malsain » entre des fonctionnaires et Alexandre Benalla, qu'il avait utilisée lundi. « La proximité de la relation professionnelle entre les équipes de l'Elysée et de la circulation et de droit public, est une proximité évidemment nécessaire. Les faits m'ont révélé qu'au-delà de cette confiance, sans doute s'étaient développées des habitudes qui conduisaient à s'affranchir du respect des règles », a-t-il reconnu.

    « La présence d'Alexandre Benalla n'était pas une faute ». Elus, journalistes, étudiants… il est courant que la préfecture accueille des observateurs lors de manifestations, a expliqué Michel Delpuech. « Le fait d'accueillir Alexandre Benalla à la préfecture de police le 1er mai pour une mission d'observation est tout à fait normal », a-t-il souligné. « C'est le comportement de l'observateur qui est une faute. »

    « Un manquement individuel grave ». Dans cette affaire, « il y a eu un défaut d'information pour l'autorité hiérarchique que je suis », a reconnu le préfet de police. Au sujet de l'autorisation de port d'arme, Michel Delpuech assume. « Ces derniers jours, les autorités d'emploi de Monsieur Benalla, ont souligné son engagement, sa disponibilité et la qualité de sa collaboration. Je me permets de le rappeler, tel était le contexte. Je n'ai eu aucune pression, c'était lié à la fonction auprès du chef de l'Etat », a-t-il rappelé.