VIDEO. «Dans l'enfer de Montretout» : les secrets de la famille Le Pen

L'enquête d'Olivier Beaumont, notre collaborateur, raconte les secrets du clan Le Pen à travers les coulisses du domaine familial de Montretout.

    C'est un lieu emblématique qui aura vu se dérouler depuis quarante ans une saga sans équivalent dans l'histoire de la politique française. Celle du clan Le Pen. Père, filles, épouse, petite-fille... Tous ont été marqués par ce manoir de Montretout, situé sur les hauteurs de Saint-Cloud. La demeure a été liée à chacun des épisodes de la dynastie. Elle permet de revisiter toute l'histoire du Front national à travers cette famille hors normes, qu'à la fin des années 1980, les amis de Bruno Mégret appelaient d'ailleurs volontiers les Grimaldi de Montretout.

    Alors que Marine Le Pen va présenter son programme et (re)lancer sa campagne présidentielle dans quelques jours, et que le Parlement européen lui réclame 340 000 €, une somme que l'eurodéputée a perçue pour rémunérer deux assistants parlementaires qui n'auraient en réalité travaillé que pour le Front national, l'ouvrage de notre collaborateur, Olivier Beaumont, livre les secrets de Montretout. Et nous convie à un voyage dans les coulisses de cette folle histoire politico-familiale où se mêlent amour, haine et trahison.

    (LP/Roberto Cristofoli.)

    Emménagement dans l'urgence

    Cet hôtel particulier, construit dans les années 1830, a été légué à Jean-Marie Le Pen dans des conditions assez extravagantes par Hubert Lambert, héritier des cimenteries du même nom. Au cours de son enquête, l'auteur a rencontré tous les protagonistes de cette saga qui nous racontent « l'enfer de Montretout ». Il y a l'arrivée brutale, en 1976, après l'explosion de l'appartement des Le Pen, villa Poirier, à Paris. Pour les trois filles, choquées par l'attentat, le cauchemar continue. Il leur faut quitter Paris, leur école et leurs amies pour cette vieille maison en banlieue que d'emblée elles détestent. Tandis que pour Jean-Marie Le Pen, une nouvelle vie commence, désormais sans soucis d'argent. Dans les années 1980, la maison ne désemplit pas, Le Pen mêlant ses activités politiques et sa vie privée. Cela entraînera le départ fracassant de sa première femme, Pierrette, qui ne supportait plus ce mélange des genres. Les règlements de comptes du couple s'étalent dans la presse à la façon Le Pen, avec une violence inouïe et sans aucune gêne. A sa femme qui se plaint d'être sans le sou, le leadeur d'extrême droite conseille de faire des ménages. L'intéressée lui répond dans « Playboy », en posant nue, sous un tablier de soubrette.

    Trente ans plus tard, Pierrette revient avec Olivier Beaumont sur cette « Opération Bonne Maman » qui a fait de gros dégâts et l'aura longtemps privée de ses filles qui ont pris le parti de leur père. Bien plus tard, Pierrette renouera pourtant avec elles et avec son ex-mari. Elle reviendra même vivre à Montretout, dans une dépendance de cette maison maudite qu'elle « déteste » toujours. C'est là qu'elle aura pu retisser un lien avec ses petits-enfants, notamment, la fille de Yann, Marion Maréchal-Le Pen, qui comme sa tante Marine, a grandi et fait ses classes politiques à Montretout.

    Si Jean-Marie Le Pen y a toujours ses bureaux, il n'habite plus la demeure, lui préférant celle de sa seconde épouse, Jany. La visite guidée par le vieux chef de cette maison-musée, dans laquelle il n'a jamais fait de travaux, est édifiante. Le fondateur du FN continue à recevoir, en toute discrétion, ses visiteurs dans cette demeure qui a vu défiler Charles Pasqua et même Bernard Tapie (ce que celui-ci conteste toujours). Une fois élue présidente du FN, Marine Le Pen y donnera aussi ses rendez-vous secrets, avant de se brouiller avec son père, et de claquer la porte de Montretout.

    « Dans l'enfer de Montretout », d'Olivier Beaumont, Ed. Flammarion, 352 pages, 19 €.