Elections européennes : Bruxelles lance ses «Décodeurs» contre les fake-news

Pour la campagne des élections du 26 mai, la Commission européenne vient de créer un site anti-fake-news pour tenter de battre en brèche les rumeurs et, chiffres à l’appui, corriger les idées reçues.

 La Commission européenne, lasse des mensonges ou caricatures qui visent à décrédibiliser l’UE, a décidé  de lancer un site anti-fake-news appelé « Les décodeurs de l’Europe ».
La Commission européenne, lasse des mensonges ou caricatures qui visent à décrédibiliser l’UE, a décidé de lancer un site anti-fake-news appelé « Les décodeurs de l’Europe ». DR

    Qu'on se le dise : non, l'Europe ne décide pas de la taille des étiquettes des soutiens-gorges! Pas plus d'ailleurs que celle des concombres. Et elle ne veut pas non plus interdire les frites en Belgique, ou les crayons de couleur au Royaume-Uni - pour le temps qu'il lui reste à passer avec nous. Tous ces bobards, drôles ou inquiétants, fleurissent régulièrement sur les réseaux sociaux, ou dans le discours des politiques europhobes, sans oublier bien sûr les comptoirs de zinc où se propagent les rumeurs.

    Mais voilà, à la veille d'élections aux enjeux cruciaux, la Commission européenne, lasse de ces mensonges ou caricatures qui visent à décrédibiliser l'UE, a décidé de rendre coup pour coup.

    «L'équilibre entre factuel et désinformation»

    « Dans ce but, nous lançons notre site anti- fake-news, Les décodeurs de l'Europe, annonce Isabelle Jégouzo, cheffe de la Représentation de la Commission européenne en France. Sans nous mêler de politique, nous voulons informer les citoyens, rétablir l'équilibre entre factuel et désinformation ». Pas toujours facile car, admet la représentante de l'UE, il y a toujours un fond de réalité dans ces rumeurs. Exemple, précise-t-elle, « la Commission s'est attaquée, pour protéger la santé des consommateurs, à la règlementation des composants textiles des soutiens-gorges et au bannissement du plomb des crayons de couleurs, que mâchonnent les enfants ». Mais elle n'a pas fourré son nez plus loin que cela.

    Voilà le genre de rectifications que l'on trouvera sur le site. Il s'agit aussi de corriger des idées reçues qui, à force, usent un sentiment d'adhésion à l'Europe déjà ultra-fragile. Parmi ces clichés, la conviction que « l'Europe nous coûte cher sans nous rapporter un rond ». Faux, rétorquent les décodeurs. Chiffres à l'appui. La France, c'est vrai, contribue à hauteur de 19 milliards d'euros par an au budget européen, et n'en reçoit que 13 ou 14, soit un coût de 6,5 milliards. Mais pour ce tarif, si l'on ose écrire, on a droit à Erasmus, à Galileo pour le GPS et autres retombées, la possibilité pour les entreprises et les citoyens de travailler ou de s'installer partout dans l'Union, etc. « De même, on se plaint que l'Europe est anti-sociale, mais nul ne dit jamais qu'un repas sur quatre aux Restos du cœur, en France, est financé par l'UE », regrette Isabelle Jégouzo.

    Être le plus réactif possible

    Afin de réparer ces oublis et ces offenses, la dizaine de membres de la cellule politique de la Représentation permanente, sise boulevard Saint-Germain à Paris (VIIe), va plancher sur le site. Objectif, être le plus réactif possible, à l'écoute des matinales des radios, à scruter les réseaux sociaux… Une intox, une info en contre. Mais, surtout, en cette période de pré-campagne électorale, pas de politique ! Ce n'est pas le rôle de la Commission, organe bruxellois qui doit rester neutre.

    Pas question non plus, donc, de nommer les politiques auteurs de fake news. Pour contrer les thèses de Philippe de Villiers, selon lesquelles l'Europe serait née d'un complot d'anciens nazis, d'espions américains et d'une kyrielle de fâcheux déterminés à asservir les peuples, il faudra se farcir l'histoire de l'UE. Cela aussi, on pourra le trouver sur le site des Décodeurs de l'Europe.