Immigration : Gérald Darmanin affirme au JDD n’avoir « aucune question taboue »

Le ministre de l’Intérieur a répondu aux questions du JDD quelques semaines après un grand entretien face à nos lecteurs. Sur le terrorisme, il juge la menace « très forte ».

LP / Arnaud Journois
LP / Arnaud Journois

    Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), suppression de l’article visant à régulariser les sans-papiers sur les métiers en tension : avant l’examen de son texte immigration, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a assuré ce dimanche qu’il n’y a « aucune question taboue » pour protéger les Français, dans un entretien fleuve et inédit au JDD.

    Clin d’œil aux droites, Gérald Darmanin est le premier ministre de ce rang à s’exprimer dans les colonnes du Journal du Dimanche depuis que l’hebdomadaire a repris sa parution sous la direction du journaliste d’extrême droite Geoffroy Lejeune après des semaines de grève et des départs massifs au sein de la rédaction.



    L’entretien sur trois pages est très largement consacré au projet de loi immigration dont l’examen au Sénat débute le 6 novembre. « Il n’y a aucune question taboue si c’est pour être efficace pour protéger les Français », estime le ministre interrogé sur les limites imposées par la Constitution ou la jurisprudence européenne en matière d’immigration. Il relève que la CEDH « ne (l)’empêche pas de faire (son) travail de ministre de l’Intérieur », arguant respecter « l’intégralité des règles de l’État de droit » et la Cour.

    Des compromis possibles

    Sur son projet de loi immigration et l’épineux débat autour de l’article 3 consacré aux métiers en tension, Gérald Darmanin se dit prêt à « discuter ». « L’heure est cependant assez grave pour qu’on ait des compromis sur des choses qui ne sont pas centrales », déclare le ministre. « Certains veulent un décret ou une circulaire, d’autres que ce soit dans la loi. Nous discuterons donc de ce sujet comme de tous les autres, mais le gouvernement est attaché à des mesures de justice envers ceux qui produisent dans notre pays sans jamais poser de problème d’ordre public », a-t-il expliqué.



    Auprès du JDD, Gérald Darmanin défend le « texte le plus ferme avec les mesures les plus dures depuis ces trente dernières années ». Alors que le chemin de crête pour l’adoption de son texte par le Parlement est étroit, notamment en raison de l’opposition ferme de la droite, le ministre a paru renvoyer un hypothétique échec à une « extrême gauche tentée de faire de l’obstruction systématique » à l’Assemblée nationale. « Jusqu’à présent tous mes textes sont adoptés sans 49.3 (…) C’est à la Première ministre de décider si elle engage ou non la responsabilité de son gouvernement. »

    Le ministre de l’Intérieur s’exprime également dans cette interview sur la question du terrorisme dans un contexte marqué par la guerre entre Israël et Gaza et la mort de l’enseignant Dominique Bernard. Sur le terrorisme, il juge la menace « très forte ». Le risque principal, c’est le risque à l’intérieur, les gens autoradicalisés qui passent à l’acte », met-il en garde. « On ne peut jamais exclure le fait que (…) les cellules terroristes se reconstituent. Mais aujourd’hui, on n’a pas de menaces caractérisées », ajoute-t-il.

    En écho notamment au retrait des troupes françaises du Niger, il s’inquiète que « que les Américains et les Français se retirent de théâtres d’opérations où il y avait des entraînements, des financements, des cellules. Ça rend le monde plus dangereux ».