« Le couvre-feu pour les moins de 13 ans, j'y tiens »

« Le couvre-feu pour les moins de 13 ans, j'y tiens »

    Ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, proche de Nicolas Sarkozy, commente l'actualité de la semaine et confirme son projet de couvre-feu pour les mineurs de moins de 13 ans.

    Après des débuts difficiles, quel est votre bilan au ministère de l'Intérieur ?

    Brice Hortefeux. Depuis une quinzaine de jours, les forces de sécurité ont enregistré de grands succès : après une période de légère hausse depuis mars, les chiffres de la délinquance connaissent une baisse spectaculaire de près de 6 %. Deuxième succès, la reddition de Toni Musulin, qui était presque présenté comme un héros alors qu'il a volé 11,6 millions d'euros. Ensuite, nous avons tiré les leçons des actes de hooliganisme à l'issue de certains matchs de football et j'ai créé une division consacrée à la lutte contre ce fléau inadmissible. La parfaite organisation du match OM-PSG, avec les moyens dévolus à cette rencontre, a empêché le renouvellement de ces violences. Nous avons déjà constitué un fichier de 216 hooligans qui seront interdits de stade. Enfin, dernier succès en date, l'interpellation de Jean-Pierre Treiber. J'avais annoncé dès son évasion qu'il serait repris rapidement : il a été rattrapé en moins de deux mois et demi !

    La baisse de la délinquance peut-elle être durable ?

    Les forces de sécurité, dès lors qu'elles sont dirigées, mobilisées et déterminées, obtiennent des résultats. La délinquance avait augmenté de 15 % entre 1997 et 2002. Elle a baissé de 14 % depuis que Nicolas Sarkozy et les ministres successifs s'en occupent. J'affirme aujourd'hui mon objectif : que les trois derniers mois de cette année, cumulés, soient meilleurs que ceux de l'année dernière. C'est le but que j'ai fixé aux préfets, aux directeurs départementaux de la sécurité publique et aux commandants de groupements de gendarmerie, et que, sur l'ensemble de 2009, la délinquance soit à nouveau en diminution, ce qui serait la huitième année de baisse d'affilée. Ce serait un beau succès.

    Certains s'attendaient à la nomination d'un «Monsieur Anti drogue » ?

    Le président de la République a érigé comme priorité la lutte contre la drogue. C'est un trafic extrêmement lucratif, avec un chiffre d'affaires estimé entre 1,7 milliard d'euros et 2 milliard s d'euros. Environ 40 % des jeunes de 17 ans ont touché à une drogue : c'est un danger pour la santé et une forte inquiétude pour les parents. Nous avons commencé à donner un coup de pied dans la fourmilière On interpelle près de 80 dealers par jour ! et j'ai signé une convention avec le ministère du Budget : 50 inspecteurs du fisc seront déployés dans des zones sensibles de manière à ce que nous puissions frapper au portefeuille des petits caïds qui se lèvent tard, n'ont pas d'activité professionnelle mais roulent en luxueux 4 x 4. Désormais, lorsque nous procéderons à des saisies, je ferai organiser des ventes aux enchères publiques. Ainsi, chacun comprendra qu'on ne peut pas avoir un train de vie qui ne correspond pas à ce que l'on gagne légalement. Je souhaite que de telles actions symboliques visent aussi les délinquants de la route. Il faut aller plus loin : c'est pourquoi, je vous le confirme, le président a chargé le préfet Jean-Paul Bonnetain de la mission de coordonner les services opérationnels dans la lutte contre la drogue.

    Vous voulez « bodybuilder » la loi de sécurité.

    Je veux renforcer significativement les moyens de lutte contre la délinquance au quotidien en prenant des mesures pouvant être appliquées rapidement, comme le couvre-feu pour les mineurs délinquants de moins de 13 ans.

    Vous tenez donc à ce couvre-feu controversé ?

    Bien sûr ! J'ai présenté cette idée devant le groupe de parlementaires que je réunis régulièrement Place Beauvau. Ils l'ont immédiatement approuvée : 68 % de nos concitoyens y sont favorables. Je me donnerai les moyens de la réaliser dans le cadre de la loi sur la sécurité : ce couvre-feu sera discuté au Parlement fin janvier-début février.

    Un Français a été enlevé au Mali par Al-Qaïda au Maghreb. Y a-t-il une hausse de la menace terroriste contre la France ?

    La menace est réelle et notre vigilance est permanente. Il y a eu ainsi la récente interpellation dans l'Isère d'un ingénieur travaillant en Suisse, qui était en relation avec un responsable d'Al-Qaïda au Maghreb dans l'intention de commettre un attentat sur le territoire français. Dans ces périodes de fêtes qui approchent, le niveau de sécurité doit être plus élevé encore. J'ai donné des instructions en ce sens.

    A quatre mois des régionales, votre camp politique martèle les thèmes de la sécurité, des sans-papiers. Est-ce une opération reconquête de l'électorat droitier de Sarkozy ?

    Une campagne doit être l'occasion de débattre et de proposer. Force est de constater que le PS n'avance aucune idée ni aucune solution, qu'il s'agisse de sécurité, d'immigration ou de fiscalité. Je suis stupéfait de la proposition de Martine Aubry de régulariser tous les sans-papiers. C'est un non-sens. La patronne du PS devrait s'en souvenir : en 1997, la régularisation massive a multiplié par quatre le nombre de demandeurs. Autre différence : nous sommes, nous, pour l'amélioration de la sécurité par des moyens comme la vidéoprotection. Je suis également effondré devant la folie fiscale du PS dans les régions qu'il dirige. En Auvergne, les impôts ont augmenté de 70 % !

    Craignez-vous une remontée du Front national ?

    Je ne perçois pas cette remontée. Pas une seule enquête d'opinion ne met le FN en hausse par rapport au dernier scrutin régional de 2004. Mais que le PS tente cette tactique politicienne me paraît évident et peu glorieux.

    Selon le député René Dosière, votre cabinet ministériel est pléthorique et dépensierâ?¦

    C'est une plaisanterie ! Il a compté les services de sécurité et ceux du courrier, nombreux, que reçoit le ministre de l'Intérieur. Mon cabinet se limite à 24 membres.

    Nicolas Sarkozy était hier au conseil national de l'UMP. Est-ce le rôle du président, qui devrait être au-dessus des partis ?

    Le seul endroit où il ne pourrait pas se rendre serait sa famille politique ? En faisant cela, il met simplement fin à une hypocrisie.

    Cela ne montre-t-il pas que l'UMP peine à exister sans lui ?

    Il est notre référence et notre inspirateur. Quel que soit le scrutin, les électeurs se prononcent sur des enjeux à la fois locaux et nationaux. Il est donc indispensable que le président s'engage comme il le fait.

    Rama Yade sera candidate dans les Hauts-de-Seine. Comment a-t-elle remporté cette victoire sur le président qui souhaitait l'envoyer dans le Val-d'Oise ?

    Elle a eu la lucidité et le courage d'écrire au président qu'elle ferait ce qu'il souhaitait, ce qui me paraît normal et sain. L'UMP a jugé qu'elle était plus utile dans les Hauts-de-Seine. Elle a aujourd'hui une attitude positive vis-à-vis du président et de la majorité.

    L'animateur Patrick Sébastien entre en politique avec le slogan « ras le cul des radars ». Le ministre de l'Intérieur apprécie-t-il cet humour ?

    L'expression est élégante, l'ambition élevée et la motivation plus limitéeâ?¦