LR-RN : Christian Estrosi déplore une clarification tardive, Marine Le Pen savoure

Les propos de Guillaume Peltier, le numéro 2 de LR, sur un rapprochement avec le maire de Béziers Robert Ménard, chahutent Les Républicains. Christian Estrosi, qui n’en fait plus partie, estime que « les digues ont cédé », certains ayant « franchi les lignes rouges ».

La présidente du RN Marine Le Pen le 9 avril dernier. LP/Jean-Baptiste Quentin
La présidente du RN Marine Le Pen le 9 avril dernier. LP/Jean-Baptiste Quentin

    Composition, recomposition ou décomposition ? À un an de l’élection présidentielle, les déchirements de la droite s’affichent, plus que jamais, au grand jour. Après les désaffections des uns - Bertrand, Pécresse, Estrosi —, voici que certains relancent la question du rapprochement avec le Rassemblement national. En proposant d’instaurer une Cour de Sûreté qui déciderait, sans possibilité d’appel, pour les personnes condamnées dans des affaires de terrorisme, le n° 2 des Républicains, Guillaume Peltier, a rouvert la boîte de Pandore. Le député veut parler « à tous les républicains qui ne sont ni LREM ni RN », il a surtout parlé à Robert Ménard, maire de Béziers et apparenté RN, qui l’a d’ailleurs appelé pour le féliciter.



    Les condamnations et les inquiétudes n’ont pas manqué à LR, dès dimanche. Interrogé ce mardi sur Europe 1, Bruno Retailleau, a tempêté à son tour : « Sur le fond, ces événements me donnent raison : ça fait plus de six mois que je demande à mon parti de se prononcer sur le choix que nous allons avoir, de nos couleurs, de nos valeurs, pour la présidentielle. C’est parce qu’on n’a pas fait ce choix qu’on est balloté. Trancher une ligne politique, trancher la question du leadership ». Et de demander qu’après les régionales Christian Jacob organise un bureau politique pour se « mettre en ordre de bataille » pour l’élection présidentielle à laquelle l’ancien filloniste est candidat.

    Tout de même, en se disant proche de Robert Ménard, Guillaume Peltier ne fait-il pas céder les digues qui séparent la droite républicaine du Rassemblement national ? « Je n’ai pas à me situer par rapport au RN, et je refuse d’entrer dans un piège », insiste le président du groupe LR au Sénat, qualifiant la formation de Marine Le Pen de « parti démagogue ». Mais « ça fait 35 ans que la droite s’est complexée, parce qu’elle n’osait plus répondre sur l’immigration, sur la sécurité… On a baissé le ton, on a courbé l’échine, on a rasé les murs, on s’est mis sous la table, et on a perdu nos électeurs », déplore le sénateur de Vendée.

    Divorcé depuis le 6 mai des Républicains, Christian Estrosi a, lui, estimé que « les digues ont lâché ». « Un certain nombre a déjà franchi le pas en direction de Madame Le Pen ». Certains « se laissent aller à des errements » et à « franchir les lignes rouges » fixées par Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, a reproché le maire de Nice sur RMC et BFMTV. Et de regretter que « la clarification faite aujourd’hui, de la part de Damien Abad, de Christian Jacob, de Gérard Larcher, n’intervienne un peu trop tard », alors que lui la demandait depuis un certain temps.

    Avec une gourmandise qu’elle dissimule peu, Marine Le Pen a pris de la hauteur, ce mardi matin sur CNews. Elle n’appelle pas tel ou tel à rallier son parti ni toutes ses idées, « on ne sera pas d’accord sur tout ». Non. La présidente du RN, candidate à la présidentielle l’an prochain, a appelé « tous et toutes » à se ranger du côté du seul camp capable d’empêcher la réélection d’Emmanuel Macron. « Ce deuxième mandat d’Emmanuel Macron sera le mandat du saccage, a-t-elle dit. Je pense que notre civilisation est en grand danger si on ne prend pas des décisions très fortes, pas dans les années à venir mais dans les quelques mois qui viennent », a-t-elle affirmé, appelant à « tout faire » pour barrer la route au président sortant.