Premier ministre : en Haute-Garonne, terre de gauche, colère et dépit après la nomination de Michel Barnier

Le choix d’un Premier ministre de droite ne passe pas chez les électeurs de ce département ancré à gauche. La responsabilité du NFP est aussi pointée du doigt.

    Au lendemain de la nomination de Michel Barnier à Matignon, les électeurs de Haute-Garonne, territoire traditionnellement ancré à gauche, oscillent entre colère et résignation. Les tergiversations du Nouveau Front populaire, durant une bonne partie de l’été, pour se choisir un candidat commun ont forcément eu un « impact sur ce choix », regrette Pierre, habitant de Gaillac (Tarn).

    Trop de temps perdu… pour rien aux yeux de cet enseignant de lycée de 40 ans. « La candidature presque miraculeuse de Lucie Castets était de toute façon vouée à l’échec. D’autant plus avec la manière dont cela a été posé : elle ou rien. Avec ce genre d’exigence, on n’a forcément rien », rebondit-il, fataliste.

    Un sentiment qui fait écho aux propos tenus par certaines figures nationales. Comme la maire de Paris Anne Hidalgo qui, lors d’une conférence de presse ce vendredi matin, a regretté les postures des siens pendant cette période : « On aurait pu avoir un Premier ministre de gauche correspondant au vote des Français (…) Il y avait un nom, c’est Bernard Cazeneuve. Et c’est mon parti (le PS) qui a empêché sa nomination. Comment a-t-on pu, à ce point, passer à côté de l’histoire ? »



    Pierre estime qu’« Emmanuel Macron aurait quand même dû nommer un Premier ministre de gauche pour dire que le message des législatives avait été entendu, quitte à ce qu’il soit censuré derrière ». Quant au nom de Cazeneuve, il rétorque que l’ancien Premier ministre de François Hollande « n’est plus de gauche depuis qu’il a quitté le PS » et qu’il n’aurait « rien appliqué du programme du NFP ». Puis d’assener : « Avoir une étiquette de gauche, comme lui, mais agir comme la droite, on l’a vu avec Attal. Donc, je ne pense pas qu’on ait raté une opportunité historique en ne l’ayant pas désigné. »

    « Cazeneuve est de centre gauche, au mieux »

    L’analyse est assez semblable chez Nathan, fonctionnaire territorial à Toulouse, pour qui le programme du Nouveau Front Populaire « était clairement de gauche, alors que Cazeneuve est de centre gauche, au mieux ». Pour lui, si le nom de Michel Barnier n’était pas forcément le plus attendu, la décision du chef de l’État de ne pas nommer un Premier ministre issu des rangs Insoumis, socialistes, écologistes ou communistes, ne l’a pas pour autant surpris, « compte tenu de la pression de la droite et de l’extrême droite ».

    Au-delà du nom de Michel Barnier, c’est le fait qu’il vienne des rangs de LR qui crispe vraiment ces électeurs de gauche. « Un choix arithmétiquement absurde et symboliquement catastrophique », dénonce Pierre. Les appels de LFI à manifester ce samedi vont-ils ranimer la flamme de la contestation ?