Présidence des Républicains : les hésitations de Guillaume Peltier

Le premier vice-président de LR dira bientôt s’il se présente ou non à la présidence du parti. S’il pense être aimé par la base, il sait que les élus ne l’apprécient pas.

 Guillaume Peltier a consulté Nicolas Sarkozy dans sa réflexion sur une potentielle candidature à la présidence des Républicains.
Guillaume Peltier a consulté Nicolas Sarkozy dans sa réflexion sur une potentielle candidature à la présidence des Républicains. LP/Philippe de Poulpiquet

    « C'est la révolution ou la mort ! » Ernesto Guevara ? Non, le député (LR) Guillaume Peltier évoquant l'impérieuse transformation des Républicains après le désastre des Européennes. Mais si le premier vice-président du parti se fait surnommer le « Che » par certains de ses collègues, c'est bien davantage pour ses sorties tonitruantes au cours des derniers mois, comme celle de décembre sur la « hausse générale des salaires ».

    Héraut d'une droite populaire et sociale, Guillaume Peltier, 42 ans, est aujourd'hui tenté de ne pas laisser Christian Jacob prendre la tête de LR lors de l'élection interne d'octobre prochain. Mais il hésite encore à se porter candidat. Nicolas Sarkozy qu'il a vu la semaine dernière lui aurait dit : « puisqu'ils se précipitent, prends ton temps ».

    Ses prises de position, tranchées, agacent

    « Ils » ? Comprendre le « système », les ténors qui pousseraient Christian Jacob pour ne pas restreindre leur propre chance à la présidentielle. Guillaume Peltier serait trop heureux, lui, de représenter « l'antisystème », celui qui incarnerait les militants face aux élus. Fort des 27,77 % que son courant de la Droite forte avait obtenus en 2012, le député du Loir-et-Cher pense avoir la faveur des adhérents. Et prend pour modèle l'outsider Michèle Alliot-Marie qui avait gagné la présidence du RPR en 1999 face au favori Jean-Paul Delevoye.

    Il connaît par cœur ses propres taux de popularité dans les enquêtes d'opinion. Véritable planche de salut, tant il est isolé en revanche au sein des élus. « Jalousé », préfère-t-il rectifier. Ses prises de position, tranchées, agacent. Dernière en date : sa dénonciation du « communautarisme chrétien » que défendraient Les Républicains. Une provocation qui passe d'autant plus mal que nul n'ignore que Guillaume Peltier a créé en 1996 Jeunesse Action chrétienté avec le frontiste Nicolas Bay avant de devenir le bras droit de Philippe de Villiers.

    « Si c'est Peltier qui l'emporte, je quitte le parti ! »

    « Je ne sais pas ce qu'il pensera demain », grince un député LR. « Il souffre du même problème que Wauquiez : l'insincérité et l'impossibilité d'être dans le collectif », analyse froidement un membre de la direction. « Si c'est Peltier qui l'emporte, je quitte le parti ! », promet même un cadre parisien. « S'il gagne, il perdra les élus. Or, c'est la seule richesse que garde LR aujourd'hui alors que le parti n'est plus propriétaire de ses idées », s'inquiète un député, pourtant censé être proche de lui.

    Certains pensent qu'il ne sera même pas en mesure d'obtenir les parrainages de parlementaires (12 ou 13) nécessaires à une candidature. « Ce n'est pas un sujet », répond l'intéressé qui dit surtout s'interroger à ce dont LR a besoin en ce moment de crise : « l'unité ou le renouvellement ? » Il n'apportera pas l'unité, Jacob n'apportera pas le renouvellement.

    Peltier attend de « sentir l'ambiance » lors d'une convention nationale samedi prochain au siège du parti avant de se décider. Certains pensent qu'il ferait courir le bruit d'une candidature pour mieux négocier un poste dans le futur organigramme. « Il est déjà premier vice-président, il n'a pas grand-chose de plus à espérer », objecte un député. « Il mesure le risque, complète un autre, il ne peut pas se contenter de faire 10 %, ça pourrait l'affaiblir. » « D'autant qu'il assure que sa force réside dans la force militante », ajoute un troisième. Toute révolution a un risque.