Les Républicains : Guillaume Peltier, un numéro 3 aux dents longues

Le vice-président des Républicains fait sa rentrée ce samedi pour la Fête de la violette, en Sologne. S’il met en avant l’unité du parti, beaucoup en interne lui reprochent de rouler surtout pour lui.

 Guillaume Peltier, passé dans sa jeunesse par le Front national et le Mouvement pour la France de Philippe de Villiers, entend faire entendre sa voix au sein des Républicains.
Guillaume Peltier, passé dans sa jeunesse par le Front national et le Mouvement pour la France de Philippe de Villiers, entend faire entendre sa voix au sein des Républicains. AFP/Jean-Pierre Clatot

    Mais après quoi court Guillaume Peltier ? L'année dernière, sa traditionnelle Fête de la violette, en Sologne, avait des faux airs de meeting de Laurent Wauquiez, alors en campagne pour la présidence des Républicains. Un an plus tard, devenu vice-président des LR, il organise ce samedi son raout de rentrée à Souvigny-en-Sologne (Loir-et-Cher) sous le signe de « l'unité du parti », en invitant ses deux homologues, Damien Abad et Jean Leonetti.

    Tout un symbole pour cet ambitieux de 42 ans, passé dans sa jeunesse par le Front national et le Mouvement pour la France de Philippe de Villiers, qui entend faire entendre sa voix au sein de sa formation. « La droite doit faire sa révolution sur les questions économiques et sociales », martèle-t-il. À rebours de la tendance libérale, lui veut s'adresser aux « milieux et aux derniers de cordées », aux « ruraux », à la « France des territoires » et plus seulement aux élites.

    S'il reste très dur sur l'immigration et le régalien, il défend sa version du « travaillisme » -une expression chipée au Jacques Chirac de 1976- qui veut faire du travail la valeur cardinale. Sa proposition d'augmenter le smic de 20 % au printemps dernier en a fait tousser plus d'un au sein des Républicains. À commencer par Laurent Wauquiez qui l'a affublé du surnom de « Che Peltier ».

    Avec Wauquiez, «une alliance de circonstance»

    « Ses propositions ne sont pas celles de Wauquiez, elles ne sont pas non plus le centre de gravité du parti. Mais elles représentent une ligne qui existe et mérite d'être dans le débat », résume l'entourage du patron de LR. Entre les deux hommes, les relations restent toutefois compliquées. « Il y a une méfiance réciproque », concède un député. « Une vigilance », renchérit un autre parlementaire. Tandis qu'un cadre lâche, perfide : « Guillaume a beaucoup de talents, alors, forcément, cela ne plaît pas à Laurent. »

    En février, le président de LR a convoqué son numéro trois pour une explication de texte : « Il avait le sentiment que Guillaume faisait des trucs dans son coin. Ils s'en sont expliqués. Wauquiez considère maintenant que Peltier est réglo », affirme-t-on au siège, rue de Vaugirard.

    « Ils ont besoin l'un de l'autre. Ils ont donc trouvé une alliance de circonstance qui fonctionne », assure un élu qui les connaît bien tous les deux. La hache de guerre serait donc enterrée. Le député Damien Abad en est convaincu : « Guillaume a compris que c'est par le collectif et par les idées que nous allons y arriver. »

    «Son seul défaut, c'est de trahir trop tôt»

    Reste qu'ils sont nombreux au sein du parti à prêter au jeune député du Loir-et-Cher -qui après la Droite forte a lancé le mouvement les Populaires l'année dernière, avec une vingtaine de députés- des arrière-pensées et de grosses ambitions. « Il est très actif à l'Assemblée où il essaie de fédérer beaucoup de monde, il tourne beaucoup dans les fédérations. Il tisse sa toile de manière méthodique pour se placer comme une personnalité qui pourrait compter », observe un cadre.

    Ses anciens compagnons de route au FN en gardent aussi un souvenir contrasté. « Guillaume est parfait. Mais son seul défaut, c'est de trahir trop tôt », persifle un proche de Marine Le Pen qui l'a côtoyé durant ses jeunes années.

    Des critiques qui laissent Peltier indifférent. « Je suis ambitieux et je l'assume. Mais mon objectif c'est de permettre à la droite et à Laurent Wauquiez d'être en situation pour 2022 », balaie-t-il. La force du collectif donc…