La droite cherche (toujours) son chef

Quinze mois après la présidentielle, la droite reste groggy. L’élection de Laurent Wauquiez en décembre dernier n’a pas dissipé les doutes, et encore moins freiné la crise de leadership.

 Paris, le 10 décembre 2017. « La Droite de Retour », slogan affiché au soir du premier tour de l’élection à la présidence des Républicains, semble être encore un vœu pieux.
Paris, le 10 décembre 2017. « La Droite de Retour », slogan affiché au soir du premier tour de l’élection à la présidence des Républicains, semble être encore un vœu pieux. LP/Olivier Corsan

    Mais où est le patron? Officiellement, à 16 000 km de là, en Nouvelle-Calédonie, où le président des Républicains Laurent Wauquiez est attendu ce dimanche à Nouméa, pour un déplacement de cinq jours. Loin de Paris, de son brouhaha, alors qu' Alain Juppé réunit les siens ce week-end à Bordeaux, et que Xavier Bertrand se lâche dans nos colonnes.

    Quinze mois après la présidentielle et la déflagration Fillon, la droite reste groggy. Toujours dispersée façon puzzle. Même les traditionnels campus de rentrée n'ont plus la cote. A l'image de celui de La Baule le week-end dernier, ou de celui du Touquet ce samedi. Tous deux organisés sans tambour ni trompette. Et l'élection de Wauquiez en décembre dernier n'a pas dissipé les doutes, encore moins freiné la crise de leadership.

    Pécresse et Bertrand ont marqué des points

    Un vide que deux personnalités s'échinent particulièrement à combler, chacune dans son couloir : Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, qui a lancé son mouvement Libres !, « pour peser à l'intérieur des Républicains et porter une autre voix ». Et donc Xavier Bertrand, le patron des Hauts-de-France, qui a claqué la porte de LR, mais qui se rappelle régulièrement aux bons souvenirs de son ancienne famille politique.

    Suffisant pour apparaître comme une alternative crédible ? Selon le baromètre Kantar Sofres pour le Figaro Magazine paru la semaine dernière, Pécresse et Bertrand ont marqué des points récemment, signant la plus forte progression de la rentrée chez les électeurs de droite : six points de plus pour lui (28 %), et même douze de plus pour elle (33 %). Laurent Wauquiez, lui, en perd un (27 %).

    « Les Français voulaient donner leur chance à Macron. Là, c'est en train de changer »

    Reste que le match est tout sauf joué entre ces trois-là. Et le président de la région Auvergne Rhône-Alpes en est le premier convaincu. Depuis la rentrée, Wauquiez enchaîne les apparitions médiatiques et les déplacements de terrain. « On arrive à la fin d'une période qui était franchement compliquée pour nous. Les Français voulaient donner leur chance à Macron, alors quoi qu'on dise et quoi qu'on fasse, on était inaudible. Là, c'est en train de changer », se persuade son entourage.

    Encore faut-il que le patron des Républicains dissipe certaines ambiguïtés. D'abord sur son discours très droitier, à l'origine du schisme avec Pécresse et Bertrand. Et aussi par rapport à la tentation qu'ont certains, dans son parti, de se rapprocher de l'extrême droite. Comme l'ex-ministre Thierry Mariani, ou encore Erik Tegnér, candidat à la présidence des Jeunes LR. Tous deux prônent la fusion des droites. Sans que ni l'un, ni l'autre n'aient fait à ce jour l'objet d'une procédure d'exclusion…