Qui sera le président de l'Europe ?

Qui sera le président de l'Europe ?

    Tractations, coups fourrés, intrigues : depuis quelques semaines, les dirigeants européens étalent leurs divisions au grand jour sans se soucier des dégâts que cela pourrait entraîner dans l'opinion publique. La raison de ce grand marchandage ? La nomination du premier président de l'Union européenne pour deux ans et demi, poste créé par le traité de Lisbonne. En théorie, il s'agissait de confier ce rôle à une personnalité de premier plan capable de représenter l'UE sur la scène internationale face à Barack Obama ou au Chinois Hu Jintao. Mais les vieux réflexes, les calculs, les intérêts nationaux ont repris le pas. Et ce soir, lors du dîner des 27 chefs d'Etat et de gouvernement à Bruxelles (Belgique), c'est un outsider, quelqu'un qui ne gênera personne, qui sera désigné.

    La percée de Vaira, la Lettone

    Profitant de la confusion générale, l'ex-présidente de la Lettonie (un des petits pays baltes), Vaira Vike-Freiberga, 71 ans, a lancé sa candidature. Au départ, elle n'avait aucune chance. Mais l'absence de femmes au sein des instances européennes pourrait jouer en sa faveur. Expérimentée, parlant cinq langues dont le français, elle a cependant le défaut, aux yeux de certains, d'avoir soutenu la guerre en Irak. Professeur de psychologie, poète à ses heures, Vaira Vike-Freiberga est favorable à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne.

    La France et l'Allemagne au diapason

    Angela Merkel et Nicolas Sarkozy défendront la même candidature au dîner. Laquelle ? De part et d'autre, on fait mine d'entretenir le mystère. Joint au téléphone, hier soir, le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Pierre Lellouche, avouait ne pas être dans la confidence : « C'est une discussion entre eux. Le choix des personnes compte, bien sûr. Mais les dossiers de fond aussi. L'Europe a de grands chantiers devant elle : la sortie de crise, l'immigration, le réchauffement climatique, la défense commune. Au point de vue institutionnel, on entre forcément dans une période de rodage. »

    Van Rompuy reste favori

    Il y a quinze jours, le Premier ministre belge (soutenu par la France et l'Allemagne) paraissait assuré d'être désigné, le poste de ministre des Affaires étrangères de l'Union étant promis au travailliste anglais David Miliband. Le forfait (pour des raisons intérieures) de ce dernier complique la donne. Fin négociateur, Herman Van Rompuy, qui a réussi à mettre d'accord Wallons et Flamands dans son pays, a encore toutes ses chances, mais d'autres noms pourraient également faire l'objet d'un consensus, comme celui du Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker.