Sarkozy galvanise ses troupes

Tout droit arrivé de Manaus (Brésil), le chef de l'Etat est venu en Seine-Saint-Denis défendre son bilan, taper sur la gauche et lancer les régionales pour l'UMP.

Sarkozy galvanise ses troupes

    Les « docks » d'Aubervilliers n'avaient jamais vu autant de ministres. C'est depuis cet ancien site industriel de Seine-Saint-Denis que l'UMP a lancé hier sa campagne des régionales, plus rangée que jamais derrière son chef. Indifférent aux critiques qui l'accusent d'être tour à tour président de la République et chef de parti, Nicolas Sarkozy (à peine descendu de l'avion qui le ramenait de Manaus, au Brésil) n'a pas résisté au plaisir de venir galvaniser sa famille politique. Le PS ne s'y est pas trompé, estimant dès hier qu'il n'est décidément « pas le président de tous les Français, mais le président d'un clan ». Quitte à se surexposer dans ce scrutin de mi-mandat qui coïncide avec sa nette baisse dans les sondages, Sarkozy veut « nationaliser » les régionales.

    Hier, en marge de la réunion de l'UMP, plusieurs parlementaires redoutaient qu'une campagne axée autour du bilan gouvernemental ne se transforme en vote sanction. Ils devront pourtant faire avec : le slogan de l'UMP sera « La France change, ma région doit changer autour ! ». On ne peut être plus clair et Xavier Bertrand, le secrétaire général, a enfoncé le clou : « Nous ne gagnerons pas en menant 22 campagnes chacun dans son coin, chacun dans sa région. »

    Habits de campagne

    Le Premier ministre, François Fillon, célébrant une majorité unie, a ajouté que « tous ceux qui prendront le risque de mener des listes parallèles feront simplement le jeu de la gauche ». Sans notes, distillant au feeling les messages d'amitié tel celui, très appuyé, à Frédéric Miterrand , Nicolas Sarkozy a dorloté les militants : « C'est un devoir de fidélité d'être devant vous avec qui tout a commencé » puis ironisé : « Je suis aussi disponible pour les autres courants politiques qui voudraient m'inviter pour toute explication complémentaire. Le sectarisme est le pire défaut dans la vie ! » Puis il a assuré lui-même la promotion de son action : bouclier fiscal, TVA à 5,5 % dans la restauration, fin des 35 heures, autonomie des universités, loi Hadopi... Pas question de reculer d'un demi-centimètre, ni de s'arrêter. Le chef de l'Etat annonce même de « grandes décisions » après les régionales, sur la diversité, la réforme de la justice, des collectivités locales, le dossier des retraites... Enfilant ses habits de campagne, Nicolas Sarkozy a surtout réservé ses flèches au PS, accusé de « brandir le chiffon rouge » des sans-papiers pour faire remonter le Front national, « comme dans les années 1980, dit-il. Ce n'est pas une pratique qui honore ceux qui ont décidé de la prendre ». Les écologistes, adeptes, selon lui, de « la stratégie invraisemblable de la décroissance », ont reçu leur lot : « Savent-ils qu'il y a du chômage et de la misère dans le monde ? » Sa famille, dont il dit qu'elle est « à un niveau jamais égalé dans toute l'histoire de la droite et du centre », Sarkozy en fera le fer de lance d'un second mandat. Pour tous ceux qui étaient hier à Aubervilliers, ce n'est plus une intuition, mais une certitude.