« La vie comme tout le monde mais pas enfermés »
FRANCINE FABULÃ?, mère de famille sédentarisée à Courtry
Au camp de l'Arange, à Courtry, peu de caravanes sont encore en état de sillonner les routes. Depuis plus de vingt ans, ces quelques hectares adossés à la forêt de Bondy sont occupés par des familles nomades sédentarisées. Les caravanes rouillées voisinent avec des chalets de jardin, les terrains de jeux des enfants, des amoncellements d'ordures et de pièces détachées « apportées là, dit-on, par on ne sait qui ».
Plusieurs familles de L'Arange et de la route de Villeparisis vont emménager d'ici un an dans une vraie parcelle. Légalement. Une pièce sera dotée de l'eau courante et de l'électricité. Le parking sera assez grand pour y laisser des caravanes. Ces dernières serviront encore « pour dormir » indique Yvonne Fabulé, 66 ans, installée à l'Arange au milieu de ses neufs enfants et leurs familles déjà nombreuses. « Bientôt, se réjouit Francine, on n'aura plus à faire la lessive dans des bassines, ni à éclairer les enfants à la bougie le matin avant l'école pour économiser le groupe électrogène. La vie comme tout le monde mais pas enfermés. » Une vie que les Fabulé attendent depuis des années. Ce programme de sédentarisation dont ils bénéficient, une maîtrise d'oeuvre urbaine et sociale (Mous), est le premier du genre à avoir éclos en Seine-et-Marne, il y a quatre ans.
Des familles installées depuis vingt ans
Modification du plan local d'urbanisme, concertations avec les partenaires, fronde de la population et recours devant le tribunal administratifâ?¦ Le dossier, épineux, a du retard. « Il faut du temps pour atteindre l'équilibre, note le maire (PS), Jean-Luc Pilard. Trouver la forme pour reconnaître des coutumes que l'on n'a pas à juger et en même temps y apporter du droit. » Alors que le projet est presque bouclé, l'élu garde une crainte : « Je ne voudrais pas que, dans les années 2030, le maire de Courtry se retrouve face au même problème. »
Mais ces dernières années, de nouvelles familles ont déjà acheté des terrains dans la commune et ses environs. Ce qu'elles demandent aujourd'hui ? Eau, électricité, égalité !
