30 ans après l’affaire des «Fiancés de Fontainebleau», il veut rallonger le délai de prescription

Gilles Naudet et Anne-Sophie Vandamme ont disparu il y a tout juste 30 ans, avant d’être tués. Un suspect avait été acquitté par les assises de l’Essonne, en 2001. Un journaliste indépendant Christian Porte souhaite relancer l’affaire.

 Seine-et-Marne, le 17 octobre. S’appuyant sur un nouveau témoignage, le journaliste Christian Porte va lancer une pétition pour demander le rallongement du délai de prescription pour les crimes de sang.
Seine-et-Marne, le 17 octobre. S’appuyant sur un nouveau témoignage, le journaliste Christian Porte va lancer une pétition pour demander le rallongement du délai de prescription pour les crimes de sang. LP/Sophie Bordier

    Cela fera tout juste 30 ans, ce mercredi, qu'a débuté l'affaire dite des « fiancés de Fontainebleau ». Trente ans que le couple formé par Gilles Naudet et d'Anne-Sophie Vandamme a disparu en forêt de Fontainebleau, avec son chien Dundee, le 31 octobre 1988.

    Leurs corps ont été retrouvés sans vie 71 jours plus tard. Ils ont été tués de plusieurs balles. Un suspect a été acquitté par les assises de l'Essonne, en 2001. L'affaire est prescrite depuis 2011, malgré la plainte contre X pour homicide déposée par les parents des victimes, au lendemain de cet acquittement.

    Le journaliste indépendant Christian Porte n'a pourtant pas lâché l'affaire. Il a publié un deuxième livre sur ce qu'il qualifie de « fiasco judiciaire », en avril dernier. Depuis, il dit avoir reçu de nombreux appels de personnes étonnées de la prescription. « Les gens se demandent pourquoi l'affaire dite du petit Grégory, qui date de 1984, continue et pas celle-ci », rapporte-t-il.

    Christian Porte projette donc de lancer une pétition pour demander l'allongement à 30 ans, du délai de prescription pour les crimes de sang, déjà passé de dix à vingt ans l'an passé. Il travaille avec un avocat pour cadrer le texte. Il a déjà contacté des associations de familles de victimes. Plusieurs se disent intéressées.

    Un témoignage troublant

    Le journaliste estime avoir de nouveaux éléments susceptibles de relancer l'enquête. Notamment, un témoignage troublant, qui parle d'un homme du sud Seine-et-Marne, inscrit dans un stand de tir et allant chaque lundi en forêt. Son comportement aurait radicalement changé au lendemain de la disparition. Il aurait cessé de fréquenter son club et vendu sa maison. Sa femme se serait suicidée quinze jours après la découverte des corps.

    « Il y a un faisceau d'éléments, on ne peut que s'interroger, souffle Christian Porte. Mais les gendarmes m'ont redit qu'il y avait prescription, donc le parquet d'Évry (Essonne) ne bougera pas. »

    Le procureur de la République, qui officiait à Évry en 2001, Laurent Davenas, n'est pas contre le rallongement du délai de prescription. « Il y a des moyens juridiques si on veut interrompre une prescription, fait-il cependant remarquer. Une commission rogatoire par le procureur. Pour relancer l'enquête, il faut des éléments nouveaux troublants. Il faudrait que le témoin soit entendu devant un juge d'instruction et signe un procès-verbal. »