Fontainebleau : les forestiers à l’écoute pour recenser les oiseaux de la forêt

L’office national des forêts a commencé un inventaire ornithologique sur le massif de Fontainebleau, une campagne étalée sur trois ans. Explications.

 Fontainebleau, mai 2018. Yann Nadal, ornithologue et membre du Réseau Avifaune, recense à l’oreille toutes les espèces d’oiseaux qu’il entend, en forêt.
Fontainebleau, mai 2018. Yann Nadal, ornithologue et membre du Réseau Avifaune, recense à l’oreille toutes les espèces d’oiseaux qu’il entend, en forêt. LP/Sylvain Deleuze

    Ça piaille, ça roucoule, ça babille, ça parle, ça coucoule, ça raille… Yann Nadal, membre du réseau Avifaune de l'Office national des forêts, reconnaît immédiatement les différentes espèces d'oiseaux en fonction de leur son, de leurs cris, de leur chant. Pour la première fois, l'Office national des forêts (ONF) a lancé un grand inventaire ornithologique sur trois ans, avec près de 400 points d'écoutes.

    Sept membres du réseau Avifaune de l'ONF ont ainsi effectué des écoutes de 20 minutes, une semaine en avril et une en mai, pour recenser les espèces et leurs occupations du territoire forestier, avec ses zones densément boisées, les landes, les pelouses sèches, chaos rocheux…

    « Au-dessus de nous, nous avons deux pinçons des arbres, dit Dodoche par les anciens car il fait le son d'une 2 CV au démarrage, décrit Yann Nadal, chef de projet au service d'accueil du public et de la biodiversité, capable de reconnaître 280 oiseaux uniquement au son. J'ai une carte sonore des oiseaux que l'on trouve principalement en forêt. Après, il faut beaucoup d'entraînement, notamment en écoutant des disques d'enregistrements des oiseaux. »

    Ce protocole précis commence une demi-heure après le lever du soleil et dure jusqu'à 10 h 30. « La première demi-heure, c'est inaudible. Ils parlent tous », rigole Yann Nadal. Le massif forestier est peuplé par 17 espèces d'oiseaux représentatifs, sans compter celles plus rares. L'emplacement de certaines espèces rarissimes est même gardé secret.

    Quant au résultat des premiers relevés, qui alimenteront les bases de données du Muséum national d'histoire naturelle, il est trop tôt pour être considéré comme représentatif. « Il y a des inquiétudes. Comme sur le reste du territoire, il y a une réduction des effectifs mais cette érosion est beaucoup plus lente dans le massif, estime l'ornithologue. Les produits chimiques, l'absence de haies… entraînent des chutes de populations d'oiseaux. »

    Par ailleurs, cette étude débute alors que la gestion du massif change sensiblement. « On passe à la futaie irrégulière en termes de gestion sylvicole (NDLR : tous les arbres d'une même parcelle ne sont plus abattus mais seulement certains), explique Gaétane Hay, responsable du service d'accueil du public et de la biodiversité. Nous allons pouvoir appréhender l'impact de notre gestion sur les différentes espèces. » Cela renforce l'utilité de l'étude.