Son fils Wildy tué à 18 ans : «La banlieue, c’est pas la France, c’est la souffrance »

Dans une interview au Parisien, Zahia Belabed, la mère de Wildy Gourville, tué de deux balles en février 2016 au Mée, interpelle l’Etat face à la violence qui monte dans les quartiers en banlieue.

 Melun (Seine-et-Marne), le 25 septembre. Zahia Belabed, la mère de Wildy Gourville tué le 8 février 2016, estime que "la banlieue, c’est pas la France, c’est la souffrance".
Melun (Seine-et-Marne), le 25 septembre. Zahia Belabed, la mère de Wildy Gourville tué le 8 février 2016, estime que "la banlieue, c’est pas la France, c’est la souffrance". LP/Sophie Bordier

    Elle aborde le procès des responsables présumés de la mort de son fils, qui commence ce lundi devant les assises de Seine-et-Marne, « avec du stress et de l'espoir ». Maman de Wildy Gourville, tué en février 2016 au Mée-sur-Seine (lire ci-dessous), Zahia Belabed ne mâche pas ses mots en évoquant les violences qui émaillent les quartiers de l'agglomération de Melun depuis plusieurs années. Il y a moins d'un mois, le 24 septembre, Christian Nkongo y était tué d'une balle dans la tête devant une clinique.

    Qu'attendez-vous de ce procès ?

    Le jugement doit servir de leçon. Avec mon autre fils, Teddy, on ira jusqu'au bout du combat judiciaire. Wildy était un garçon en or. Je veux que celui qui l'a tué se prenne vingt ans ferme. Rien n'est fait pour qu'ils prennent conscience de ce qu'ils ont fait. Il faudrait être plus stricts et ne plus laisser passer le shit, l'alcool en prison.

    Que pensez-vous de la violence chez certains jeunes des quartiers ?

    Pour moi, c'est l'insécurité totale. Les autorités au sommet de l'Etat sont loin d'imaginer comment la violence est montée d'un cran. Il faut encore combien de morts dans les banlieues, combien de familles détruites, avant que l'Etat y mette des moyens financiers et humains ? La banlieue, c'est pas la France, c'est la souffrance, celle des gens qui y vivent et subissent tout ça.

    Que préconisez-vous ? Il faut davantage de médiateurs, d'éducateurs. Je fais de la médiation gratuitement au Mée. Quand je vois des jeunes que j'ai connus petits qui traînent dehors le soir, je dis à leur maman de ne pas les laisser. Parfois ça porte ses fruits, parfois non. Je ne demande pas de policiers en plus : les voyous n'en ont plus peur, ils sont armés.

    Cela aurait-il pu sauver votre fils ?

    Je ne sais pas. Depuis qu'il n'y a plus de service militaire, tout est parti à la dérive pour les jeunes qui n'ont pas de repères. Dans la nuit du 7 au 8 février 2016, Mendy et Miranda ne connaissaient pas Wildy. Mon fils était un gentil garçon, sportif, bien dans sa tête. Ils s'en sont pris à lui parce qu'il a défendu son copain Sofiane et il s'est défendu lui-même.