« La barrière de la langue demeure un frein à l’insertion professionnelle » : un réfugié ukrainien sur trois arrivés en 2022 est resté en Seine-et-Marne

Un an après le début de l’invasion russe de leur pays et l’arrivée de près de 1 500 réfugiés dans le département, il reste un peu plus de 400 citoyens d’Ukraine en Seine-et-Marne dont quelque 260 enfants scolarisés de la maternelle au lycée.

La Ferté-Gaucher, vendredi 24 février 2023. Le préfet Lionel Beffre a rendu visite aux réfugiés ukrainiens qui vivent dans l'ancienne gendarmerie dans le cadre de l'intermédiation locative et sont accompagnés par la Croix Rouge française. Préfecture de Seine-et-Marne
La Ferté-Gaucher, vendredi 24 février 2023. Le préfet Lionel Beffre a rendu visite aux réfugiés ukrainiens qui vivent dans l'ancienne gendarmerie dans le cadre de l'intermédiation locative et sont accompagnés par la Croix Rouge française. Préfecture de Seine-et-Marne

    « Les Ukrainiens que nous avons rencontrés ce vendredi 24 février se disent satisfaits de l’accueil reçu en Seine-et-Marne et sont sensibles aux efforts de la Croix Rouge qui les accompagne depuis près d’une année. Ils se sentent bien insérés, des liens se sont créés avec la population locale. » Le constat qu’a fait vendredi soir Lionel Beffre, le préfet de la Seine-et-Marne, après sa visite dans un centre d’hébergement de réfugiés à La Ferté-Gaucher, est une reconnaissance du travail des services de l’Etat depuis une année. Aussi et surtout de l’équipe dédiée de la Croix Rouge à cette population ayant fui la guerre et ses destructions.

    Au 21 février dernier et depuis le début de l’invasion, 1 329 ressortissants ukrainiens avaient été reçus en préfecture pour une demande d’autorisation provisoire de séjour (APS) valable six mois selon la procédure de protection temporaire mise en place en urgence par la France sur l’ensemble de son territoire. 745 d’entre eux ont fait une demande de renouvellement de leur APS.

    A la même date, 438 personnes étaient toujours hébergées, de façon collective ou diffuse, dans le département, par l’Etat, des collectivités (140 personnes), des associations, des entreprises ou des particuliers, des hôtels via le Samu social (63 personnes), etc.

    263 enfants scolarisés de la maternelle au lycée dans le département

    A La Ferté-Gaucher, la structure en collectif a ouvert en juillet 2022 dans l’ancienne gendarmerie. Elle compte neuf logements (un T1, quatre T3 et quatre T4) d’une capacité de 41 places. Pour ce dispositif en intermédiation locative, la Croix Rouge est locataire des lieux et sous-loue les logements aux 38 réfugiés de tous âges qui y vivent - 14 femmes, 8 hommes et 16 enfants. A ce titre, l’association a disposé de 53 250 euros pour l’année 2022.

    « Une équipe de cinq personnes – coordinatrice, travailleurs sociaux, interprète russophone et assistante – intervient dans tout le département, dont ce site », détaille Laure Beaucousin, la directrice adjointe de la Croix Rouge de Seine-et-Marne. Cette mission a débuté en mars dernier. L’accompagnement est pluriel : administratif pour l’obtention de la protection temporaire, accès à la mobilité, accès aux soins, intégration dans le logement via l’ouverture des compteurs électriques, contrats Internet et accès aux droits (Allocation demandeur d’asile, Sécurité sociale, Allocations familiales, etc.). « Les personnes hébergées touchent l’APL, paient leur loyer et sont chez elles », résume. « Il y a un an, c’est l’hébergement citoyen qui a permis d’accueillir la vague de réfugiés. Aujourd’hui, cette formule ne concerne plus qu’une dizaine de personnes. Les Ukrainiens ont souhaité vivre le plus souvent en logement individuel. »

    La question de l’hébergement ayant trouvé des réponses satisfaisantes, le préfet évoque « deux points [qui] restent à améliorer : l’insertion professionnelle et l’accès aux soins médicaux », poursuit le préfet. « D’abord, la barrière de la langue demeure un frein à l’insertion professionnelle des adultes malgré les cours dispensés par des bénévoles. En revanche, pour les 263 enfants scolarisés de la maternelle au lycée dans l’ensemble du département, le bilan linguistique est très positif ». D’autant que la Croix Rouge accompagne les enfants et leurs parents dans ce domaine.

    La Seine-et-Marne est-elle prête à faire face à une seconde vague ?

    Il existe également un accompagnement à l’insertion professionnelle pour les adultes. « A La Ferté-Gaucher, parmi les personnes en âge de travailler, la plupart sont des artistes dont la réinsertion est plus compliquée. Ils sont en contact avec le Moulin jaune à Crécy-la-Chapelle [NDLR : le domaine du clown russe de réputation mondiale Slava Polunin qui a hébergé dès mars 2022 des artistes ukrainiens]. Au total, trois adultes travaillent, en CDD ou en contrat », précise la directrice adjointe.

    Reste le second point d’amélioration : la santé. « Une demi-douzaine de personnes ont des problèmes graves mais cela rejoint le problème qui concerne tous les habitants du département qui est l’un des derniers de France en termes de densité médicale », constate le préfet.

    La Seine-et-Marne est-elle prête à faire face à une seconde vague de réfugiés provoquée par une nouvelle offensive russe contre l’Ukraine ? « Il n’y a pas de nouvelle vague de réfugiés ukrainiens constatée en ce moment. Mais si elle devait se produire, nous avons, dans le département, des marges. En matière d’hébergement, à la fin de l’hiver 2022, nous avions recensé 2 800 places disponibles pour moins de 1 400 ressortissants ukrainiens reçus en préfecture en une année. Pour ce qui est du logement, nous avons une marge de 200 places. Et les opérateurs travaillent bien », salue Lionel Beffre.