Les agresseurs du maire n'ont pas compris la leçon

Les agresseurs du maire n'ont pas compris la leçon

    Durant toute l'audience, ils furent arrogants, méprisants et coupèrent sans cesse la parole à la présidente du tribunal. Ozkan, Tunay et Ali, trois frères de Nandy âgés respectivement de 41, 34 et 23 ans, étaient jugés par le tribunal correctionnel de Melun, mercredi soir, pour avoir agressé Guy Geoffroy, le député-maire UMP de Combs-la-Ville le 27 janvier, en le menaçant de mort et en l'insultant copieusement. Le tribunal a condamné Ozkan à six mois de prison dont cinq assortis du sursis avec mise à l'épreuve et un mois ferme qu'il vient d'effectuer en détention provisoire. Tunay a écopé de quatre mois avec sursis mise à l'épreuve, et Ali de quatre mois avec sursis.

    Ce samedi matin-là, Guy Geoffroy aperçoit une BMW remonter à vive allure la rue de Varennes, où se déroule le marché. La rue est pourtant fermée à la circulation lors du marché pour protéger les nombreux piétons qui le fréquentent. Deux barrières avec des panneaux sens interdit le rappellent.

    L'un déjà condamné treize fois, l'autre vingt et une fois

    « Je me suis positionné au milieu de la chaussée pour les arrêter et leur dire de faire demi-tour. Les gens traversent cette rue sans regarder lors du marché. Je suis intervenu pour leur sécurité. J'ai alors vu les portières s'ouvrir en même temps. Ils sont venus vers moi, très véhéments. Je leur ai expliqué qui j'étais et pourquoi je m'étais mis en travers de la route. L'un m'a alors poussé et les trois se sont mis à me déverser une bordée d'insultes et de menaces de mort. » Puis Ozkan a menacé Guy Geoffroy avec un bâton de bois, avant que le fromager ne les sépare.

    La présidente cite les insultes : « Sale bâtard », « Encul?, « Sale connard », « Je vais te niquer », « On va te crever », « Le maire, on va s'en occuper »... Le fromager en prendra aussi pour son grade par Tunay durant l'audition au commissariat : « Il a de la chance que je ne lui aie pas mis un coup de tête à ce fils de pute ».

    L'avocat des trois frères souligne la confusion possible du maire entre Ozkan et Tunay, ce dernier assurant n'avoir jamais insulté l'élu mais seulement le fromager et car Guy Geoffroy n'était pas sûr du rôle exact de chacun, au début de l'enquête. L'avocat estime aussi que le discernement d'Ozkan devait être altéré car il souffre d'une forme de schizophrénie avec des troubles caractériels le rendant intolérant à la frustration et avec une dangerosité sociale. Mais l'expert assure qu'il est conscient et responsable de ses actes.

    Ces trois frères « ne comprennent pas que ce sont eux les auteurs de l'infraction, s'indigne la procureure. Ce n'est pas la loi du plus fort qui s'applique mais la loi écrite. Vous auriez dû faire comme tout le monde : faire demi-tour et repartir. » « Que se serait-il produit si les passants n'étaient pas intervenus ? », s'inquiète l'avocat de Guy Geoffroy. Ironie du sort : son client a été pris à partie par des prévenus dont certains totalisaient 21 et 13 condamnations alors que cet élu est « en pointe sur la réinsertion judiciaire, ayant fait venir sur son territoire le premier Centre éducatif fermé de Seine-et-Marne par exemple ».