Les ratés de la résidence de prestige

Les ratés de la résidence de prestige

    Comment, au coeur du centre-ville historique, a pu germer une telle aberration ar chitecturale ? Face aux remparts, au 23, boulevard Jean-Rose, l'ancien terrain de l'évêché a été tout simplement saccagé. Quatre petits immeubles neufs aux volets de bois ou gris, ont été construits autour de la bâtisse bourgeoise dotée de volets bleus. Le promoteur Constructa a livré 98 appartements entre juillet 2007 et l'automne dernier, pompeusement dénommés Castle Park. Mais les propriétaires ne goûtent guère à une vie de château.

    La semaine dernière, un expert payé par le syndic a relevé les réserves des particuliers. Il revient cette semaine noter les soucis des parties communes, que la copropriété refuse de réceptionner. Pas question d'accepter des halls, des espaces verts et des cheminements dans un tel état.

    « La peinture dégouline partout, le rail de ma baie vitrée est défoncé »

    Pour Castle Park, le mètre carré a coûté entre 3 000 et 4 500 â?¬. L'un a payé 145 000 â?¬ pour un 33 m 2 , un autre 238 000 â?¬ un 70 m 2 avec deux places de parking.

    Depuis des mois, la colère gronde. Fabrice Guillet a été livré il y a un an de son F 3 : « La peinture dégouline partout, les plafonniers ne sont pas centrés, le rail de ma baie vitrée est défoncé, mon parquet en chêne rayé, j'ai du carrelage cassé. On nous a fait croire à une résidence de prestige, on se retrouve avec de la m... ! »

    C'est vrai qu'à ce prix-là le propriétaire a de quoi voir rouge. Dans la bâtisse bourgeoise principale, les volets tombent de temps à autre, les caves sont humides à 90 %. Dans les allées, les petits luminaires éclairant les chemins sont en plastique, les joints des escaliers sont mal finis. Dans un bâtiment, il manque un sas d'entrée. Les parkings ont été mal conçus. Pour entrer, la voiture doit attendre l'ouverture de la grille, à cheval sur la route. Une manoeuvre dangereuse pour la circulation. Dans un autre bâtiment, c'est en sortant qu'on risque de rayer sa peinture, tant l'accès est étroit.

    Marc Troux montrait jeudi à l'expert son mécontentement : « J'ai commandé un volet coulissant, je me retrouve avec un volet dépliant, de qualité très médiocre. Mon robinet est tellement près du passage commun qu'on peut me tirer de l'eau en cas d'absence. » A l'entrée de la résidence, des ouvriers s'activent pour achever la livraison de huit appartements. Des bas de murs d'immeuble sont écaillés, une porte d'accès aux garages, gondolée par l'humidité, a été repeinte au lieu d'être changée. M e Emmanuel Rabier, avocat du syndic, attend la liste des réserves de l'expert pour s'attaquer au dossier. « Nous pouvons obtenir des dommages et intérêts du fait du retard de livraison. Même si le promoteur a logé les personnes à l'hôtel, elles ont subi un préjudice. » Et cerise sur le gâteau, un des bâtiments est rehaussé d'un mètre de plus que prévu et des riverains de Castle Park, gênés par l'ombre de l'immeuble, attaquent aussi en justice.