Meaux : les pièces du musée de la Grande guerre voyagent jusqu’aux Etats-Unis

Le musée du pays de Meaux s’apprête à envoyer plusieurs pièces d’exception au Bard Graduate Center, à New York. Un échange inédit avec les Etats-Unis.

 Meaux, mardi. Johanne Berlemont, responsable du service conservation du musée, prépare la trentaine de pièces qui seront prêtées pendant cinq mois au Bard Graduate Center, à New York.
Meaux, mardi. Johanne Berlemont, responsable du service conservation du musée, prépare la trentaine de pièces qui seront prêtées pendant cinq mois au Bard Graduate Center, à New York. LP/Mélanie Blanquet

    Le Musée de la Grande guerre du Pays de Meaux fait ses valises. Ce mardi, une trentaine de pièces de l'établissement ont été sorties de leur vitrine, afin d'être envoyés outre-atlantique, dans les semaines à venir et jusqu'en janvier 2020.

    L'exposition « French Fashion, Women and the first world war » qui sera inaugurée en septembre, à la galerie d'art Bard Graduate Center, à New York, met en parallèle mode vestimentaire à la française et Première Guerre mondiale. D'autres prêteurs, comme la maison Chanel, permettront d'apporter une vision d'ensemble sur le style vestimentaire des Français de l'époque, du côté des civils, mais aussi des militaires.

    « Nous avons déjà fait des prêts en France et en Europe, mais c'est la première fois que nos pièces vont atterrir sur le sol américain ! », s'enthousiasme Johanne Berlemont, responsable de la conservation du musée, qui se réjouit d'une telle collaboration.

    Un convoyage sous haute surveillance

    « Même 100 ans après, on parle toujours de cette guerre et sous des angles différents. La collection reste vivante et Meaux sera visible depuis New York. C'est aussi une chance pour la région », souligne-t-elle.

    Avant d'être envoyées, ces pièces rares passent par tout un processus complexe : « Nous avons dû demander une autorisation de sortie de bien national au ministère de la Culture », explique Johanne Berlemont.

    Les pièces sont mises en boîte, elles-mêmes rangées dans des caisses, qui seront emballées avec du film plastique, pour être stockées en attendant leur départ. Le jour J, le personnel de convoiement assistera à la mise en soute de ces caisses. « C'est tout à fait normal, insiste la conservatrice, le transport est violent pour ces pièces. On les suivra jusqu'à la fermeture de leur vitrine, à New York. »

    Un deuxième envoi à la fin d'année

    En novembre prochain, d'autres pièces du musée, dont la tenue d'un tirailleur sénégalais, seront envoyées à Washington, au National museum of African-American history and culture.

    L'exposition portera cette fois sur l'expérience de guerre des Afro-Américains. Pour ce voyage, deux employés du musée du pays de Meaux feront le déplacement, aux frais des Américains.

    Meaux, mardi. La tenue de Sidonie Pocquet, une infirmière de guerre, est l’une des pièces maîtresses prêtées à la galerie américaine. Elle est ici inspectée méticuleusement par l’équipe du service de conservation. LP/Mélanie Blanquet
    Meaux, mardi. La tenue de Sidonie Pocquet, une infirmière de guerre, est l’une des pièces maîtresses prêtées à la galerie américaine. Elle est ici inspectée méticuleusement par l’équipe du service de conservation. LP/Mélanie Blanquet LP/Mélanie Blanquet

    LA TENUE D'INFIRMIÈRE DE SIDONIE POCQUET

    La tenue d'infirmière de Sidonie Poquet est l'une des pièces exceptionnelles du musée du pays de Meaux prêtées à New York. « Ce qui est exceptionnel dans cette tenue, c'est que nous avons pu mettre un visage sur cette infirmière, nous savons qui a porté cette tenue et c'est très rare », explique Johanne Berlemont.

    En plus de son habit de travail, le musée détient plusieurs des effets personnels de l'infirmière récupérés par l'historien et collectionneur Jean-Pierre Verney. Tel le livret d'infirmière de Sidonie Pocquet, décrite par ses supérieurs comme une femme ayant de grandes qualités professionnelles.

    Meaux, mardi. La tenue d’opération de Louise Daniel a été offerte au musée par la petite-fille de cette dernière. LP/Mélanie Blanquet
    Meaux, mardi. La tenue d’opération de Louise Daniel a été offerte au musée par la petite-fille de cette dernière. LP/Mélanie Blanquet LP/Mélanie Blanquet

    LA TENUE D'OPÉRATION DE LOUISE DANIEL

    La tenue de salle d'opération appartenant à Louise Daniel fait aussi partie du voyage. Cette autre infirmière, non professionnelle, a œuvré à l'hôpital militaire de Brest pendant la Grande guerre. Sa tenue a été offerte au Musée de la Grande guerre par sa petite-fille, en 2013.

    « Elle devait avoir une grosse poitrine, plaisante Johanne Berlemont, nous avons dû rembourrer le mannequin avec du papier de soie pour que cette tenue ne soit pas tombante. Nous faisons en sorte que le mannequin s'adapte à la tenue et non l'inverse. »

    Meaux, mardi. Cette capote portant une indication militaire n’a jamais été portée par son propriétaire, mort pendant la guerre. Son parfait état en fait une pièce rare. LP/Mélanie Blanquet
    Meaux, mardi. Cette capote portant une indication militaire n’a jamais été portée par son propriétaire, mort pendant la guerre. Son parfait état en fait une pièce rare. LP/Mélanie Blanquet LP/Mélanie Blanquet

    LA CAPOTE D'UN SOLDAT JAMAIS PORTÉE

    Cette capote, qui porte un numéro de régiment sur le col, a été commandée en 1915 chez un tailleur mais n'a jamais pu être portée par son propriétaire, mort au combat. « C'est une reprise de la capote Poiret. Elle ne compte qu'une rangée de boutons, qui ne sont plus en cuivre, pour cause de pénurie, mais en ivoire végétal », explique Johanne Berlemont.

    En plus de son état irréprochable, le vêtement comporte encore la note adressée par le client à son tailleur, ce qui fait de cette capote militaire une pièce unique. Pour la conservatrice du musée, « ce vêtement est la pièce la plus précieuse qui sera envoyée » aux Etats-Unis.

    Meaux, mardi. La capote contient encore les instructions données au tailleur, son propriétaire étant mort au combat avant d’avoir pu récupérer son habit. LP/Mélanie Blanquet
    Meaux, mardi. La capote contient encore les instructions données au tailleur, son propriétaire étant mort au combat avant d’avoir pu récupérer son habit. LP/Mélanie Blanquet LP/Mélanie Blanquet