Meaux : prison ferme pour trois hommes après des coups de couteau et de bâtons

Les prévenus étaient jugés par le tribunal correctionnel de Meaux, ce lundi, pour des violences commises devant le Foyer Adoma, le 14 février. A l’origine de l’altercation : une histoire de veste et de porte-manteau.

 Meaux,  décembre 2019. Les violences ont eu lieu aux abords du Foyer Adoma.
Meaux, décembre 2019. Les violences ont eu lieu aux abords du Foyer Adoma. LP/Sébastien Roselé

    « Non mais vous voyez pourquoi on en arrive là ? », a soudain explosé Emmanuelle Teyssandier, la présidente du tribunal correctionnel de Meaux. « On a douze points de suture et un bras cassé parce qu'à la mosquée on a changé de place une veste pour l'accrocher à un porte-manteau ! »

    A la barre du tribunal, ce lundi : deux Meldois, âgés de 32 et de 36 ans, jugés – libres – pour des violences aggravées réciproques, survenues sur le parking du Foyer-Adoma, boulevard du Chevalier-Bayard, à Meaux, le 14 février. Un troisième prévenu ne s'est pas présenté à l'audience.

    La magistrate a enfoncé le clou : « La mosquée, c'est un lieu de culte, de paix et de dialogue. On ne frappe pas quand on n'est pas d'accord ! Ce n'est pas comme ça que ça marche ».

    C'est peu de dire que les versions de l'un et de l'autre étaient diamétralement opposées. Walid – blessé au bras par une arme blanche - a assuré avoir été frappé par l'homme qui avait importuné son père à la mosquée de Beauval, quelques jours plus tôt : « Mes parents habitent en face du foyer Adoma. J'ai garé ma voiture, il m'a appelé. Il était comme un fou furieux avec un couteau et un cutter. Il m'a agressé directement ».

    Interrogé sur l'embrouille survenue à la mosquée, Walid a livré un détail inédit : « On en avait déjà parlé à la Verrière, il n'y avait plus de problème entre nous ». Le président n'a pas caché sa surprise, en relisant son audition de garde à vue : « Vous n'aviez pas parlé de cette rencontre devant la police ». Il a été condamné à dix mois de prison ferme, sans mandat de dépôt, tout comme le prévenu absent.

    Coups de poing, coups de bâtons et coup de couteau

    Saad, le second prévenu, réfugié soudanais résidant au foyer Adoma, a raconté tout autre chose, avec l'aide d'une interprète en langue arabe : « Ce jour-là, je sortais de la mosquée. Quelqu'un m'a suivi jusque dans le foyer. Quand je suis sorti, un autre homme (NDLR : Walid) m'a donné des coups de poing. Deux autres personnes m'ont frappé avec des bâtons ».

    Il a assuré avoir sorti son « porte-clés-couteau » pour se défendre. « Je n'avais pas de cutter », a martelé Saad, qui s'est retrouvé avec des plaies au visage et un bras cassé. « Mon client a été encerclé par des gens avec des bâtons. C'était un guet-apens, il était en légitime défense », a plaidé Me Thierry Benkimoun, son avocat. Saad a écopé de six mois de prison ferme, sans mandat de dépôt.

    Le substitut du procureur Pierre-Yves Biet avait requis un an de prison ferme, à l'encontre des trois prévenus, fustigeant « des violences gratuites pour des motifs futiles, dues à un excès de testostérone et à beaucoup de bêtises ». Avant de réclamer l'incarcération - puis le placement sous bracelet électronique - des deux prévenus présents et de demander un mandat d'arrêt à l'encontre du prévenu absent.