Melun : après sept jours de grève, le personnel de l’Ehpad Edme-Porta décroche une directrice

Le personnel voulait alerter les autorités de nombreux dysfonctionnements dans cet établissement de 84 résidants . Des négociations avec la direction de l’établissement ont fini par aboutir au 7e jour de grève. Une directrice arrive le 1er juin.

Melun 25 mai 2021

Le personnel en est à son 6ème jour de grève et s'apprête à se lancer dans un 7ème jour.
Melun 25 mai 2021 Le personnel en est à son 6ème jour de grève et s'apprête à se lancer dans un 7ème jour.

    « Cela fait sept jours de salaire qu’on perd. Cette grève, on l’a faite pour nos résidants. Beaucoup n’ont pas de famille. Ils n’ont que nous ! Il faut faire quelque chose! » Détresse et colère dans le regard, cette aide-soignante de l’Ehpad Edme-Porta, géré par le groupe La Vie active depuis 2012 à Melun , exprime à sa manière le mal-être de ses collègues. Depuis le 20 mai, la majorité du personnel a cessé le travail. « On est 40 à faire grève sur 50 salariés, tous personnels confondus: agents de service hospitalier (ASL), aides-soignantes et infirmières », insiste une autre.

    Selon les grévistes, « trop de dysfonctionnements s’accumulent, on se demande s’il y a un pilote dans l’avion. Il y a deux mois, la directrice a été licenciée, depuis deux directeurs se relaient car l’un exerce déjà à Nanterre, l’autre à Epinay ». Les grévistes énumèrent un certain nombre de problèmes liés à l’hygiène des résidants, suite à des « consignes verbales » de la nouvelle infirmière coordinatrice. « On doit limiter les changes à deux par jour, à 14 heures et 23 heures, en plus de celui du matin mis après la toilette, alors qu’avant, on changeait les résidants à leur demande. Cela ne respecte pas leur dignité ! », s’insurge une aide-soignante. « Ce n’est pas tout. Depuis plusieurs mois, les chasses d’eau ne fonctionnent pas dans 40 chambres », ajoute une autre. Certaines chambres seraient dépourvues d’eau chaude.

    L’organisation du travail aussi suscite la grogne. « Ils ont modifié les plannings des infirmières et des aides-soignantes sans leur accord. Deux des quatre infirmières ont démissionné. Ils se retrouvent avec une seule infirmière pour 84 résidants le week-end ! Les personnels sont rappelés durant leur congé sous la menace », s’insurge Franck Pusceddu, de l’USD CGT.

    Pour la direction, « le dialogue était primordial »

    Alertée dès février, la délégation départementale de l’Agence régionale de santé affirme que « l’organisation et le bon fonctionnement d’un Ehpad sont une préoccupation majeure, au-delà du champ sanitaire strict qui est notre compétence ». La députée Aude Luquet (MoDem) a rencontré les grévistes. « Le 1er jour de grève, cinq familles ont pu se déplacer à nos côtés », assure une infirmière.

    Lancées mardi 25 mai , les négociations avec la directrice adjointe du siège du groupe ont abouti mercredi midi. La grève s’arrête donc ce 26 mai à minuit. « C’est un progrès pour les résidants. Les deux infirmières qui sont parties sont prêtes à revenir », annonce Soizick Parenthoine, de l’USD CGT.

    « Le dialogue était primordial. On a tout fait pour s’expliquer autour d’une table et faire disparaître les mauvaises compréhensions, tout cela au profit des résidants », commente la directrice de la communication du groupe qui recense « moins de trente grévistes sur 56 salariés ». Parmi les avancées, l’arrivée d’une nouvelle directrice le 1er juin, l’engagement d’un dialogue sur les congés, la mise en demeure du bailleur pour divers travaux (chasses d’eaux, etc).

    Elle dément certaines accusations. « Il n’y a pas de restrictions sur la fourniture des protections. Chaque personne est changée quand il le faut ! Il y a eu incompréhension car ce ne sont pas les mêmes le jour et la nuit », estime-t-elle.