Mort d’Hamza à Nangis : une information judiciaire ouverte pour meurtre en bande organisée

Le jeune homme de 23 ans a été tué d’une balle dans la tête le 13 février dernier. L’enquête va se poursuivre « avec des moyens plus larges », selon le procureur de Melun. Et les politiques de rappeler « l’incompréhension majeure » liée à l’exclusion de la ville de la liste des quartiers prioritaires.

Nangis (Seine-et-Marne), le 16 février 2024. Selon les gendarmes, 400 personnes ont participé à la marche blanche partie du quartier de la Mare-aux-Curées, pour rendre un dernier hommage à Hamza, tué à l'âge de 23 ans. LP/Sophie Bordier
Nangis (Seine-et-Marne), le 16 février 2024. Selon les gendarmes, 400 personnes ont participé à la marche blanche partie du quartier de la Mare-aux-Curées, pour rendre un dernier hommage à Hamza, tué à l'âge de 23 ans. LP/Sophie Bordier

    L’enquête ouverte pour assassinat, et menée par les gendarmes de la section de recherches de Paris après la mort d’Hamza d’une balle dans la tête à Nangis (Seine-et-Marne) le 13 février dernier va-t-elle s’accélérer ? Ce mercredi, le procureur de la République de Melun, Jean-Michel Bourlès, a ouvert une information judiciaire pour meurtre en bande organisée. « Cela permet d’avoir des techniques d’enquête plus larges », affirme-t-il. Il n’en dira pas plus. L’émoi et l’inquiétude demeurent dans cette ville de 8 500 habitants.

    Ce drame avait profondément choqué les habitants du quartier de la Mare-aux-Curées et au-delà. 400 personnes avaient participé à la marche silencieuse organisée le 16 février par les parents d’Hamza. La famille est installée dans le quartier depuis 2000. Pour tous, beaucoup de questions restent sans réponses. Pourquoi cette exécution d’un jeune homme âgé de 23 ans, connu pour usage et détention de stupéfiants mais pas pour trafic ? Dix mois plus tôt, c’est Sidney qui était retrouvé dans sa voiture le 24 avril 2023, tué d’une balle en plein cœur, dans un quartier pavillonnaire de Nangis. Il avait 22 ans. L’enquête est toujours en cours par la Section de recherches de Paris.

    Dans une ville exclue récemment de la liste des quartiers prioritaire…

    Le 28 février, la sénatrice (PCF) Marianne Margaté a transmis une question écrite à Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d’État chargée de la Citoyenneté et de la Ville auprès du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Selon l’élue communiste, « cette escalade de violence, liée au fléau du trafic de drogue, met en lumière les défis sécuritaires et sociaux auxquels nous faisons face. Le quartier de la Mare-aux-Curées, particulièrement touché, vit dans une anxiété grandissante, amplifiée par un sentiment d’abandon ».

    Et de rappeler « l’incompréhension majeure » liée à l’exclusion de Nangis de la liste des quartiers prioritaires de la ville (QPV), malgré le décret de décembre dernier. « Cette reconnaissance aurait permis de libérer des ressources vitales pour des initiatives ciblées, soutenant à la fois la rénovation urbaine et les programmes sociaux indispensables à la cohésion sociale ».

    L’État avance pour ce quartier un contrat spécifique, celui des Petites Villes de demain. La sénatrice demande « une revue détaillée et une augmentation significative des moyens attribués à ce contrat », mais aussi un classement du quartier en zone de sécurité prioritaire (ZSP), une stratégie de sécurité globale qui réintroduise la police de proximité au cœur du modèle de prévention.

    La maire LR salue la question de la sénatrice PCF au gouvernement

    Marianne Margaté plaide aussi « pour un engagement ferme de l’État dans la réalisation de la nouvelle caserne de gendarmerie et un dialogue renforcé entre les associations, les services publics et les autorités pour co-construire des solutions à long terme, s’attaquant aux racines du malaise social et de la violence. ».

    Maire (LR) de Nangis depuis 2020, Nolwenn Le Bouter fait front commun et se dit « contente que Marianne Margaté aille dans notre sens ! » L’édile et son équipe ont beaucoup travaillé avec l‘État pour que Nangis intègre le dispositif des Quartiers prioritaires de la ville, qui ouvre des financements conséquents pour accompagner des actions. « La déception a été énorme pour nous et pour les services de l’État », confie-t-elle, en gardant confiance tout de même. « QPV ou pas, les problèmes sont toujours là. L’État nous a assuré que nous bénéficierons de différents dispositifs. On y travaille avec le préfet à l’Égalité des chances ».