Seine-et-Marne : les agriculteurs cherchent la parade contre la méteo capricieuse

Le changement climatique, avec ses inondations et ses périodes de sécheresse répétées, n’est pas sans conséquence sur le travail des agriculteurs. Irrigation, diversification des cultures et nouvelles techniques permettent de limiter les dégâts.

 Maison-Rouge, le 10 mai 2019. Le soja, comme celui semé par Cyrille Milard, a le vent en poupe dans le département, où les exploitants diversifient leurs cultures pour faire face aux aléas climatiques.
Maison-Rouge, le 10 mai 2019. Le soja, comme celui semé par Cyrille Milard, a le vent en poupe dans le département, où les exploitants diversifient leurs cultures pour faire face aux aléas climatiques. LP/Sébastien Blondé

    En Seine-et-Marne, les dernières pluies ont fait du bien aux cultures. « Cela devrait nous permettre de tenir jusqu'à mi-juillet, se rassure Jean-Philippe Garnot, agriculteur à Courpalay et vice-président de l'Union des syndicats betteraviers de l'Île de France. Méfiance, tout de même. On l'a vu avec les orages de ce week-end dans la Drôme. Rien n'est jamais gagné. »

    La météo a toujours fait partie des aléas du métier, mais les agriculteurs se désolent de voir les phénomènes climatiques s'intensifier.

    Or, comme le rappelle Guillaume Lefort, exploitant dans le Gâtinais, « le temps qui dure est mauvais en agriculture ». La sécheresse a ainsi sérieusement hypothéqué les cultures du colza semé à la fin de l'été dernier.

    « Près d'un tiers du colza a dû être retourné faute d'avoir levé », rapporte Cyrille Milard, président de la Fédération départementale des exploitants agricoles de Seine-et-Marne.

    Le gel, début mai, puis l'apparition de bêtes ont douché ses derniers espoirs : « La récolte de colza sera catastrophique. »

    « L'irrigation, c'est la première assurance climatique »

    L'irrigation ne concerne encore que 10 % de la surface agricole de la Seine-et-Marne, mais elle se développe.

    « C'est la première assurance climatique, souligne Christian Dion, chef du service agronomie à la chambre d'agriculture. Nous ne validons plus de nouveau projet de maraîchage s'il ne prévoit pas d'irrigation car c'est trop risqué, au vu de l'investissement. »

    L'engouement actuel pour les circuits courts et le projet de création d'une plate-forme d'approvisionnement des restaurants scolaires du département offrent aussi de nouveaux débouchés aux exploitants.

    « Il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier. En même temps, essayer de nouvelles cultures, c'est bien mais il faut trouver des débouchés », remarque Guillaume Lefort, à qui la coopérative voisine de Château-Landon offre de nouvelles perspectives en se positionnant sur le soja.

    L'exploitant d'Arville et Aufferville s'essaie aussi à l'œillette, suffisamment résistante pour ne pas empiéter sur son quota d'irrigation.

    « Il faut donner de la rusticité à nos techniques, avec des variétés plus robustes à la sécheresse, moins sensibles aux maladies », souligne Christian Dion.

    « On dit qu'un binage vaut deux arrosages », rappelle Jean-Philippe Garnot, qui use d'autres outils spécifiques (semoirs, roulettes…) pour travailler le sol.

    Les betteraviers anticipent aussi leurs semis, faisant fi de l'ancien adage les invitant à ne pas le faire avant avril. Les dictons agricoles, aussi, sont victimes du changement climatique.

    FRÉDÉRIC LEPESME MISE SUR L'IRRIGATION

    « Il y a toujours des coups de sec dans une année. » C'est pourquoi Frédéric Lepesme vient de réaliser un forage dans son exploitation de Pécy.

    Elle lui permettra de puiser l'eau souterraine de la nappe de Champigny pour arroser le verger qu'il a créé l'an dernier. L'agriculteur y cultive des pommes industrielles.

    « Il y a la possibilité de le rentabiliser par des cultures à forte valeur ajoutée », remarque l'exploitant, qui prévoit de se lancer dans la culture de pommes de terre l'an prochain et vise le marché de la future plate-forme légumière du département.

    Pécy, le 14 mai. Frédéric Lepesme a fait réaliser un forage dans son exploitation. Il a aussi prévu de transformer une mare en réserve d’eau. LP/Sébastien Blondé
    Pécy, le 14 mai. Frédéric Lepesme a fait réaliser un forage dans son exploitation. Il a aussi prévu de transformer une mare en réserve d’eau. LP/Sébastien Blondé LP/Sébastien Blondé

    L'irrigation et la diversification sont pour lui « une forme d'assurance face aux aléas climatiques », après les fortes inondations de 2016 et les périodes de sécheresse de 2017 et 2018.

    Pour autant, le céréalier continue à cultiver le blé, l'orge de printemps, le maïs et la betterave.

    « On ne va pas modifier fondamentalement les cultures à cause de la météo, mais on peut jouer sur des variétés moins gourmandes en eau et moins soumises au stress. L'an dernier, par exemple, j'ai évité de prendre une gamelle grâce à des maïs plus précoces. »