Avion repeint en vert à Roissy : les activistes de Greenpeace interdits de paraître dans deux aéroports

Le tribunal de Bobigny a condamné neuf militants de Greenpeace à des amendes pour avoir pénétré sur le tarmac de Roissy, en mars 2021, et peint en vert une partie d’un avion d’Air France. Ils ont en outre interdiction de paraître aux aéroports Roissy-Charles-de-Gaulle et Le Bourget pendant trois ans.

Roissy, 5 mars 2021. En repeignant cet avion d'Air France en vert, les activistes de Greenpeace entendaient dénoncer le greenwashing dans le secteur et appelaient à la réduction du trafic aérien face aux défis climatiques. AFP/Alain Jocard
Roissy, 5 mars 2021. En repeignant cet avion d'Air France en vert, les activistes de Greenpeace entendaient dénoncer le greenwashing dans le secteur et appelaient à la réduction du trafic aérien face aux défis climatiques. AFP/Alain Jocard

    « L’association et les activistes se réservent le droit de faire appel de cette décision », souligne Greenpeace France, dans un communiqué rendu public après la condamnation, jeudi, par le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis), de neuf de ses militants. Ceux-ci avaient été jugés le 8 février dernier pour s’être introduits sur le tarmac de l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle, le 5 mars 2021, et avoir repeint partiellement un avion d’Air France en vert pour dénoncer « le mirage de l’avion vert ».

    Les neuf activistes étaient prévenus de dégradations volontaires, entrave à la navigation d’aéronefs et, pour certains, refus de se soumettre à un prélèvement d’ADN. Ce n’est pas tant les amendes infligées qui contrarient l’ONG écologiste car, comme elle le relève elle-même, « elles correspondent à celles requises par le parquet lors du procès : le tribunal a prononcé des amendes de 700 euros pour les activistes n’ayant pas de casier judiciaire et entre 80 et 120 jours-amendes à 10 euros pour ceux ayant déjà été condamnés pour des actions de désobéissance civile. »

    Greenpeace s’agace surtout que le tribunal soit allé au-delà des réquisitions en prononçant, en plus, « une peine d’interdiction de paraître aux aéroports Roissy-Charles-de-Gaulle et Le Bourget pendant trois ans sous peine de six mois d’emprisonnement ferme ».

    Bobigny, le 8 février 2024. Un rassemblement de soutien aux neuf activistes de Greenpeace avait été organisé lors de leur procès.
    Bobigny, le 8 février 2024. Un rassemblement de soutien aux neuf activistes de Greenpeace avait été organisé lors de leur procès.

    « Les juges ont balayé la défense des militants et de l’association sur la liberté d’expression et l’état de nécessité, témoignant d’un refus judiciaire de s’adapter au contexte d’urgence climatique lorsque des prévenus agissent pour l’intérêt général. La peine d’interdiction de paraître dans ces aéroports sous peine d’emprisonnement ferme envoie un très mauvais signal, en privant de facto des militants de leur liberté de circuler. Cette condamnation, qui prend la forme d’une menace de prison ferme, s’inscrit dans la ligne répressive des préfectures de police et du ministère de l’Intérieur contre les militants écologistes », s’insurge Jean-François Julliard, le directeur général de Greenpeace France, dans le communiqué.

    1 euro symbolique pour Air France et ADP

    Les coups d’éclat des associations de défense de l’environnement se sont multipliés ces dernières années, dans les aéroports, pour dénoncer l’urgence climatique, notamment au Bourget contre les jets privés. En septembre dernier encore, des militants d’Attac et Extinction Rebellion avaient tenté d’y planter symboliquement des arbres.

    En février dernier, lors du procès des militants de Greenpeace, l’un d’eux justifiait ainsi leur action de désobéissance civile : « Nous avons souhaité nous exprimer d’une façon non violente et symbolique. » « Ça permet de faire parler, écrire, de bousculer les consciences, faire exister cette juste cause, écouter des experts », avait ajouté Me Marie Dosé, l’avocate des neuf prévenus venus de toute la France et âgés de 22 à 59 ans.

    Air France, dont l’avion est resté immobilisé trois jours pour vérification technique, avait demandé un euro symbolique de dommages et intérêts. Le préjudice matériel de 60 000 euros avait été couvert par les assurances. Aéroports de Paris (ADP) avait présenté la même requête. Les deux sociétés ont obtenu gain de cause, jeudi, au titre du préjudice d’image.