Bobigny : après des mois de chaos, la nouvelle direction de l’office HLM lance un audit interne

Mohamed Aïssani a pris la tête de l’office HLM public dans un climat très tendu. Il a lancé un audit sur la gestion de l’OPH sous l’ancienne majorité municipale.

 Bobigny, avril 2020. L’OPH de Bobigny gère près de 4 000 logements.
Bobigny, avril 2020. L’OPH de Bobigny gère près de 4 000 logements. LP/H.H.

    La passation s'est faite dans la douleur, mais elle a bien eu lieu. À Bobigny, Mohamed Aïssani, conseiller municipal dans l'équipe du maire Abdel Sadi (PCF), a repris la tête de l'office HLM de la commune à la mi-août, non sans quelques tensions. Il y a d'abord eu l'ancien président, Jonathan Berrebi, qui s'est refusé à convoquer un conseil d'administration pour élire son successeur issu de la nouvelle majorité municipale.

    Le 20 août dernier, une quinzaine de personnes ont ensuite pénétré illégalement dans les bureaux de l'Office public de l'habitat pour protester contre la procédure de licenciement mise en place contre le directeur général par intérim. Son recrutement avait été effectué seulement quelques jours avant le 2nd tour des élections municipales, alors que le comité d'entreprise de l'office s'y était opposé, estimant qu'il n'avait « ni les diplômes, ni les compétences, ni l'ancienneté requise ». Le préfet de Seine-Saint-Denis avait également déposé un référé contre la délibération du conseil d'administration qui avait acté son embauche.

    « Il y avait une volonté de tout casser »

    Selon l'OPH, Mamadou Niakaté, ancien chef de cabinet de l'ex maire (UDI) de Bobigny, faisait partie des intrus. À la suite de cet épisode, l'Office a porté plainte pour « menace de délit avec ordre de remplir une condition ». « Cet envahissement a été vécu comme un traumatisme pour nos salariés », relate Mohamed Aïssani, outré de la présence de l'ancien chef de cabinet dans la mêlée. « Dire que l'ex majorité est mauvaise perdante est un pléonasme. Il y avait une volonté de tout casser. »

    Comme le réclame de nombreux locataires, le nouveau patron de l'OPH vient de lancer un audit sur la gestion passée de l'office, épinglée fin 2019 dans un rapport de l'Ancols, le gendarme des HLM. L'OPH a ainsi connu une véritable instabilité durant les six ans de mandature UDI, changeant régulièrement de directeur général. « On veut savoir ce qui s'est vraiment passé sous l'ancienne mandature pour pouvoir repartir sur des bases stables et solides », martèle Mohamed Aïssani, qui souhaite également « renouer le lien perdu » avec les locataires vivant dans les quelque 4 000 logements du parc. Pour travailler notamment avec eux sur la future fusion de l'office avec un autre organisme HLM. L'OPH comptant moins de 12 000 logements, la loi Elan l'oblige à fusionner, comme de nombreux bailleurs de Seine-Saint-Denis, avec un autre office d'ici le 1 er janvier 2021.