Enfouissement des lignes électriques : plongée dans le «chantier exceptionnel» du tunnel de Saint-Denis

Après une année de travaux menés par Réseau transport électricité (RTE), le tunnel dans lequel vont être enfouis 15 km de lignes électriques a fini d’être percé sur une longueur de 2,5 km. Les câbles remplaceront les 27 pylônes retirés entre les Hauts-de-Seine et la Seine-Saint-Denis, notamment en vue des Jeux olympiques 2024.

A Saint Denis, mercredi 8 juin. Le tunnel percé pour accueillir les câbles électriques fait 2,5 km de long sur 3 mètres de diamètre. LP/Inès Chaïeb
A Saint Denis, mercredi 8 juin. Le tunnel percé pour accueillir les câbles électriques fait 2,5 km de long sur 3 mètres de diamètre. LP/Inès Chaïeb

    « Pendant un an, ça a été du 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 », souligne Benoît Facq, directeur de projet pour Réseau Transport Électricité (RTE). Mais le résultat est là : le tunnel, qui abritera d’ici deux ans 15 kilomètres de lignes électriques, est terminé et a été présenté à la presse ce mercredi matin.

    Un ouvrage long de 2,5 kilomètres et de trois mètres de diamètre à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), entre les quais de Seine et le fort de la Briche. Cinq équipes d’une douzaine de personnes s’y sont relayées continuellement pendant un an pour sa construction, avec l’emploi d’un tunnelier à l’exemple de ce qui se fait pour la construction de nouvelles stations de métro.

    Ici, ce ne sont pas des voies mais des lignes électriques qui vont être posées. Le tunnel va abriter quatre câbles, qui remplaceront à terme les 27 pylônes électriques, qui s’étirent actuellement sur Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine), Saint-Denis et L’Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) et alimentent notamment 800 000 foyers du nord-est parisien et la gare du Nord.

    Six d’entre eux se situent sur le terrain du futur Village Olympique et seront donc retirés les premiers, en principe avant la fin de l’année 2023. L’opération devrait libérer « 80 hectares de foncier. Soit environ 115 stades de foot ou encore trois fois le jardin des Tuileries », compare Nathalie Lemaître, directrice régionale de RTE Île-de-France. Un espace précieux en vue des Jeux olympiques 2024 mais aussi la possibilité pour les trois villes concernées de récupérer du foncier pour d’autres opérations (logements, commerces…).

    Certaines missions ressemblaient à de la plongée sous-marine

    Pour parvenir à cet objectif, c’est donc « un chantier exceptionnel » qui est mené depuis un an par RTE, vante Benoît Facq. D’abord, parce qu’il s’agit d’une solution totalement inédite en France. « Habituellement, l’enfouissement des lignes se fait sous la chaussée. Ici, ce n’était pas possible de couper la circulation pendant toute la durée des travaux. Par ailleurs, les sous-sols sont déjà très denses », précise le directeur de projet.

    A Saint-Denis, mercredi 8 juin. En référence à la traduction du mot électron en grec, le tunnelier, qui a servi à creuser la galerie, a été dénommé Ambre. LP/I.C.
    A Saint-Denis, mercredi 8 juin. En référence à la traduction du mot électron en grec, le tunnelier, qui a servi à creuser la galerie, a été dénommé Ambre. LP/I.C.

    Les conditions d’intervention ont elles aussi été particulières. Selon Benoît Facq, certaines missions ont été comparables « à de véritables opérations de plongée ». La similarité réside dans la pression atmosphérique. Lorsque les techniciens doivent intervenir sur le tunnelier, celle-ci monte jusqu’à 4,2 barres. Ces opérations ont donc été précédées de formations de plongée et sont encadrées par la brigade des sapeurs-pompiers de Paris.

    Une quarantaine d’entreprises de la région sur le chantier

    Nathalie Lemaître met aussi en avant « l’impact économique positif sur le territoire » du chantier. Elle en veut pour preuve la quarantaine de TPE et PME de la région, qui ont travaillé sur le chantier. L’une d’entre elles a par exemple construit les parois du tunnel. Par ailleurs, une dizaine de personnes éloignées de l’emploi ont pu travailler sur le chantier.

    Au niveau écologique aussi, le projet se veut vertueux. « L’acier des pylônes, qui vont être retirés, va être recyclé et 75 % des déblais de chantier vont être revalorisés pour la sécurisation de carrière en Normandie », développe Benoît Facq.

    L’heure est maintenant à l’équipement de cette galerie souterraine, avant l’installation des premiers câbles électriques début 2023.