Guets-apens homophobes en Seine-Saint-Denis : prison et mesures éducatives pour neuf mineurs

Détention provisoire et mesures éducatives strictes. Neuf jeunes, qui organisaient des guets-apens pour agresser et dépouiller des homosexuels au Blanc-Mesnil et à Aulnay-sous-Bois, ont été déférés cette semaine. L’une des victimes avait été violée. Des actes de torture et de barbarie ont aussi été retenus par la justice pour quatre jeunes.

Illustration. Une campagne contre les guets-apens homophobes a été lancée à Montreuil suite à des agressions, comme celles qui ont conduit à l'interpellation de neuf mineurs en Seine-Saint-Denis, dont deux ont été incarcérés. DR
Illustration. Une campagne contre les guets-apens homophobes a été lancée à Montreuil suite à des agressions, comme celles qui ont conduit à l'interpellation de neuf mineurs en Seine-Saint-Denis, dont deux ont été incarcérés. DR

    Deux affaires sordides de guets-apens au préjudice de la communauté homosexuelle ont donné lieu à un placement en détention provisoire, pour les faits les plus graves, et à des mesures éducatives strictes pour les très jeunes agresseurs. Les neuf mineurs mis en cause ont été déférés cette semaine.

    Dans le premier dossier, cinq adolescents ont été interpellés au début de cette semaine. Ces collégiens d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) âgés de 14 à 16 ans avaient piégé des hommes les 23, 24 et 28 avril, au Blanc-Mesnil, en les contactant via Grindr, une application de rencontres homosexuelles.

    Après les avoir frappés, ils avaient tenté de leur voler leurs effets personnels. Puis, ils s’étaient réjouis de leurs méfaits sur Instagram. « Sa (sic) ne sert à rien de parler pour ne pas agir (…) La prochaine fois ça sera du pedo », écrivaient-ils dans leur messagerie, où ils diffusaient des selfies avec leurs victimes. Dans leur esprit, ils faisaient en effet l’amalgame entre homosexuel et pédophile.

    Les agresseurs avaient pu être identifiés car ils avaient été filmés par des caméras de vidéosurveillance. Pour deux d’entre eux, les interpellations s’étaient déroulées dans leur collège, dans le bureau du principal. Ils n’ont pas reconnu l’intention homophobe.

    Des faits passibles de la cour d’assises des mineurs

    Il leur est reproché « des vols avec violence », notamment « en raison de l’orientation sexuelle des victimes » et « des circonstances aggravantes telles que les guets-apens ». Un jeune a été placé sous contrôle judiciaire et les quatre autres font l’objet de mesures éducatives judiciaires provisoires, dont un couvre-feu.

    Dans l’autre dossier, deux mineurs ont été placés en détention et deux autres sous contrôle judiciaire pour des agressions commises les 15 et 17 avril, à Aulnay-sous-Bois. « Le parquet avait demandé l’incarcération des quatre », souligne Éric Mathais, procureur de la République de Bobigny, qui précise qu’il a fait appel.

    Les charges sont lourdes car les faits sont d’une particulière gravité. Une information a été ouverte pour « viol précédé ou accompagné d’actes de torture et de barbarie en bande organisée ; vols avec violences en bande organisée ; violences aggravées, notamment en raison des guets-apens et de l’orientation sexuelle des victimes », mais aussi « extorsion, diffusion d’images pouvant porter à préjudice à l’intégrité des victimes ; enlèvement séquestration et extorsion ». Des faits passibles de la cour d’assises des mineurs.