La nouvelle appli Mode in Seine-Saint-Denis promeut un vestiaire local et responsable

Le conseil départemental a lancé une cartographie en ligne recensant les acteurs du territoire qui œuvrent dans le domaine de la mode engagée. L’objectif : développer cette filière dans le département et favoriser les collaborations entre acteurs locaux, nombreux dans le 93.

Montreuil, le 1er février. Pierre Sandouly et Allan Rothschild, co-fondateurs de Yestoday, dans leur atelier d'upcycling, sont déjà référencés dans la nouvelle application. Marco Miniussi
Montreuil, le 1er février. Pierre Sandouly et Allan Rothschild, co-fondateurs de Yestoday, dans leur atelier d'upcycling, sont déjà référencés dans la nouvelle application. Marco Miniussi

    Avec l’intérêt grandissant des consommateurs sur les questions éthiques et écologiques liées à la production de leurs vêtements, l’industrie de la mode se réinvente progressivement. Associations, créatrices et créateurs, ressourceries, chantiers d’insertion, écoles : de plus en plus de structures tentent de proposer une alternative à la fast-fashion. En Seine-Saint-Denis, ces initiatives sont nombreuses et variées. Aussi, pour les répertorier et les mettre en avant, le département a-t-il lancé l’application Mode In Seine-Saint-Denis, issue de sa marque de territoire In Seine-Saint-Denis.

    Ce projet s’inscrit dans la lignée de trois précédentes applications du même type, visant respectivement à promouvoir l’événementiel écoresponsable, l’agriculture urbaine et les tiers lieux culturels dans le département. « C’est une nouvelle pierre que nous posons sur l’édifice d’un modèle solidaire et vertueux pour l’environnement », souligne le président du département Stéphane Troussel, dans un communiqué.

    « L’objectif est de mettre avant les porteurs de projets en Seine-Saint-Denis, y développer la filière de la mode responsable et proposer une lecture du territoire innovante, positive et engagée », précise Adèle Dammame, cheffe de projet de la marque In Seine-Saint-Denis.

    Concrètement, la nouvelle application est un outil cartographique répertoriant des structures du département, qui œuvrent dans le domaine de la mode avec une pratique engagée. Il permet de les trier par domaine et par ville. Pour être référencé, pas de critères prédéfinis, ni de labellisation : la structure candidate doit remplir un formulaire que les administrateurs examinent ensuite. Une seule condition : œuvrer pour le développement de la mode engagée en Seine-Saint-Denis.

    « Il y a aussi beaucoup de talents en Seine-Saint-Denis »

    Au total, 80 acteurs sont répertoriés sur la plateforme. Ce nombre, qui a vocation à s’élargir, met en exergue la concentration de ce type d’initiative dans le département. Certains jugent pourtant que la mode locale n’est pas assez mise en avant. « Quand on pense à la mode, on pense directement à Paris, alors qu’il y a aussi beaucoup de talents différents et complémentaires en Seine-Saint-Denis », déplore Anne-Laure Defresne, fondatrice de la marque Boomcoeur (Montreuil).

    Celle qui fait de l’upcycling (sur-recyclage) à partir de chutes de tissus inutilisées se réjouit de la démarche du département, qui pourrait « donner de la place et de la visibilité à des créateurs locaux ». La question de la jeunesse et d’une représentation positive de la Seine-Saint-Denis est aussi un sujet qui lui tient à cœur.

    « Cela permet de montrer à des jeunes de Seine-Saint-Denis, qui souhaitent travailler dans la mode, que c’est possible. Y compris dans leur département. » La créatrice montreuilloise confie notamment avoir reçu sa première candidature de stage spontanée grâce à la visibilité apportée par l’application.



    Pierre Sandouly, cofondateur de Yestoday, boutique-atelier d’upcycling situé à Montreuil, croit aussi au potentiel de la Seine-Saint-Denis qui, pour lui, est une terre particulièrement fertile au développement de la mode engagée. « C’est un territoire vivant, dynamique et avec beaucoup de frottements très propices à l’innovation et la créativité. Ici, différentes cultures cohabitent, des univers se rencontrent, ce qui est une richesse pour la création artistique », apprécie-t-il.

    Il se montre par ailleurs enthousiaste à l’idée de collaborer dans le futur avec d’autres structures locales, d’où son intérêt d’être répertorié sur l’application : « Fédérer les initiatives à l’échelle locale, c’est super car ça permet de découvrir de potentiels partenaires ! »