Le quotidien du Franc-Moisin miné par la violence

    En soirée, les bus de la ligne 170 ne circulent plus au Franc-Moisin à Saint-Denis. Depuis le 28 juillet, la RATP a mis en place une déviation pour éviter la cité après l'attaque et l'incendie d'un bus rue Casanova. Dominique, une habitante du quartier montre le goudron qui a fondu par endroits. Elle n'en peut plus de vivre ici. « La délinquance mine vraiment le quotidien. »

    Fin juillet, les travaux de rénovation engagés par le bailleur Plaine Commune Habitat ont été stoppés. Trop de dégradations, trop d'incidents. Deux véhicules de chantier ont été brûlés cet été. « Le 22 juillet, un cocktail Molotov a carrément été jeté sur un ouvrier, rappelle la 1re adjointe (FG), Florence Haye. Il y a aussi eu des dégradations importantes dans les parties communes à peine réhabilitées. »

    Un habitant précise : « Il y a, notamment, des travaux pour murer les halls traversant des immeubles et ça ne plaît pas. C'était plus pratique avant pour s'échapper à travers le quartier ! Un mur a été détruit alors qu'il venait d'être terminé ! »

    Beaucoup pointent les trafics de drogue visibles qui se déroulent devant leurs yeux. Selon Dominique, « c'est une bagarre constante pour repousser les dealeurs des immeubles ». « Ils tentent de s'installer dans les garages, les locaux techniques, les sous-sols... Les serrures sont forcées tout le temps. Il faut toujours être vigilants, c'est un enfer à la longue de voire des deals, des guetteurs, même des armes en bas de chez soi... Il y a eu deux fusillades depuis septembre ! »

    « Je n'ai pas l'esprit tranquille, surtout le soir, continue une autre habitante. Je sors sans sac de marque, sans bijou, je ne réponds pas au téléphone dans la rue. Je n'ai pas peur mais je fais attention. Il y a pas mal d'agressions. Plus aucun ami ne vient me voir chez moi. »

    Depuis presque 30 ans dans le quartier, Dominique a vu « la situation se dégrader fortement depuis 2 ou 3 ans », selon elle. « Il y avait aussi des problèmes avant mais là, c'est comme si on avait baissé les bras. » Avec d'autres habitants, après une série de courriers, elle prépare une pétition pour réclamer des mesures.