Les fumées du camp nocives pour les écoliers

Les analyses effectuées dans l'école, voisine du bidonville rom, ont révélé des taux d'hydrocarbures cancérogènes trois fois supérieurs à la norme.

Saint-Denis, le 15 février. L’air respiré à l’école Pina Bausch-Confluence est pollué par les hydrocarbures. L’Agence régionale de santé recommande de « mettre fin à cette exposition toxique ».
Saint-Denis, le 15 février. L’air respiré à l’école Pina Bausch-Confluence est pollué par les hydrocarbures. L’Agence régionale de santé recommande de « mettre fin à cette exposition toxique ». (LP/J.-G.B.)

    C'est un rapport pour le moins inquiétant que vient de publier l'Agence régionale de santé (ARS). Cette analyse porte sur la qualité de l'air dans l'école Pina Bausch-Confluence, à Saint-Denis. Dans ce groupe scolaire provisoire en préfabriqué, derrière la gare, les fumées du campement rom voisin inquiètent depuis plusieurs semaines parents, enseignants et riverains.

    L'ARS vient de leur donner raison. L'étude commandée au Laboratoire central de la préfecture de police de Paris (LCPP) a notamment permis de mesurer des taux d'hydrocarbures HAP, spécifiques du chauffage au bois, pendant les vacances scolaires entre les 23 et 29 février. Elle révèle « des concentrations moyennes en benzo (a) pyrène (NDLR : un hydrocarbure HAP) au moins 3 fois supérieures à la valeur cible ». Une substance qui est « un cancérogène avéré » : « au vu du risque sanitaire encouru, il semble nécessaire de mettre fin à cette exposition toxique par la cessation dans les meilleurs délais des activités de brûlage du campement », estime l'ARS.

    Un délai jusqu'au 27 juin avant l'évacuation


    Les résultats de cette analyse ont été transmis à la mairie et à la préfecture le 18 mai, avant d'être communiqués aux enseignants et aux riverains. « On s'en doutait, enrage Françoise Gourdon, une habitante qui observe de son balcon les dégagements de fumée. Je constate tous les jours que ces fumées sont nocives. Mon mari a été intoxiqué à la fumée. Un morceau de couette chez nous a changé de couleur à cause des vapeurs. »

    Du côté de l'école, l'inquiétude a viré à la colère chez certains parents et enseignants. « Rien n'est prévu pour y remédier, dénonce le mari d'une instit. Quand ma femme rentre à la maison, elle sent la fumée de la tête aux pieds. »

    « Les résultats de cette deuxième analyse ne sont pas bons du tout, convient Michel Ribay, maire adjoint (EELV) en charge du quartier. Nous avons immédiatement réagi en prenant un arrêté interdisant de faire des feux dans le camp. Nous mobiliserons la police municipale et avons prévenu le commissariat. Une réunion publique sera organisée le 2 juin. »

    Ce camp, sous le coup d'une décision de justice imposant une évacuation, bénéficie d'un délai jusqu'au 27 juin.