Noisy-le-Sec : nouveau procès pour les sinistrés de la barre Stephenson

Une audience en appel sur les intérêts civils a lieu à Paris ce lundi, dix ans après l’explosion de la barre d’immeuble.

 En 2015, à Bobigny, d’anciens locataires de la barre avec leur avocate Me Rey.
En 2015, à Bobigny, d’anciens locataires de la barre avec leur avocate Me Rey. LP/C.S.

    « C'est comme une histoire sans fin... On a envie d'une happy end, mais ça ne vient pas », soupire Boulaye Cissé, 33 ans et ancien de la barre HLM Stephenson, qui a explosé il y a presque dix ans, sous les yeux des locataires. Un nouveau procès se tient à la cour d'appel de Paris ce lundi après-midi. Un « procès technique », préviennent plusieurs avocats de la défense, car il sera question d'intérêts civils, de préjudice moral et de montant des indemnisations.

    La barre s'était effondrée le 22 décembre 2007. C'était le premier jour des vacances scolaires. 8 heures du matin, les locataires dormaient pour beaucoup lorsqu'une canalisation de gaz a été éventrée par mégarde. L'alerte donnée, les policiers ont grimpé les étages pour faire sortir les habitants. En tongs, pyjama, sans papiers d'identité, ils ont assisté en direct à l'effondrement de la barre. Les cages d'escalier se sont effondrées sous leurs yeux et en quelques minutes, il ne restait plus rien des quatre étages. Mais le pire a été évité. Huit blessés légers et aucun mort.

    Un million d'euros d'amende pour les 120 victimes

    La canalisation avait été percée lors de travaux qui avaient pour but de consolider les sols après l'apparition de fissure sur le bâtiment. Personne n'avait pris soin de se procurer les plans de la canalisation à Gaz de France, alors même que deux mois auparavant à Bondy, des travaux avaient dégénéré en explosion mortelle. Pas de plan, ni de déclaration d'intention avant travaux... « Avant 2007, cela n'avait apparemment rien d'exceptionnel », a rapporté un expert en géotechnique lors du procès qui s'est tenu à Bobigny en 2016. Le drame de Bondy puis celui de Noisy-le-Sec ont selon lui fait modifier la réglementation en la matière.

    Il y avait tant de monde que la salle d'assises a été réquisitionnée. La responsabilité pénale de la société Abrotec (maître d'œuvre), et celle de l'OPH 93 (maître d'ouvrage) ont été retenues, et des amendes de 25 000 et 50 000 € ont été prononcées. Une amende de 3500 € a été infligée contre l'ingénieur en charge des travaux qui, en fin de procès, s'est excusé, en larmes auprès des habitants.

    Près d'un million d'euros au total ont été consentis aux 120 victimes, directes ou collatérales. Plusieurs ont fait appel des montants consentis, ainsi que l'assureur des parties mises en cause. « Cela fait presque dix ans, certains sont démotivés et deux clientes sont décédées » souligne Me Rey, avocate de plusieurs locataires. Deux anciennes locataires sont décédées depuis, dont une femme de 89 ans. Sa fille la représentera lundi.

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