Depuis l'explosion de Noisy-le-Sec, la réglementation a changé

Depuis l'explosion de Noisy-le-Sec, la réglementation a changé

    Procéder à des forages dans le sol sans avoir l'absolue certitude que ne s'y trouve pas une canalisation de gaz, comme à Noisy-le-Sec, où les habitants de la barre Stephenson l'ont échappé belle en décembre 2007, n'avait malheureusement rien d'exceptionnel. C'est ce qu'est venu expliquer à la barre du tribunal correctionnel de Bobigny, ce mardi, Jacques Poudevigne, témoin cité par la défense. Après l'apparition de fissures dans quelques bâtiments de la petite cité Pierre-Feuillère, l'office HLM de Seine-Saint-Denis avait missionné la PME Abrotec pour faire des sondages de sol. Lundi à la barre, l'ingénieur en charge du chantier a expliqué s'être fié aux affirmations du gardien d'immeuble et n'avoir pas vérifié par des « avant-trous » où se trouvait la conduite de gaz. Sans plan, ni « déclaration d'intention avant commencement de travaux » (Dict), pourtant obligatoire.« C'était une règle obligatoire qui n'était pas appliquée »« C'était une règle d'application obligatoire mais qui n'était pas appliquée, en réalité, on faisait confiance au donneur d'ordre », assure Jacques Poudevigne. Ce professionnel de géotechnique siège au conseil d'administration de l'observatoire des fameuses « Dict ». Cette instance est née dans la foulée du Grenelle de l'Environnement d'une volonté de réformer la réglementation justement, après 2007 et 2008, des années noires en termes d'accidents sur des conduites de gaz, à Bondy, Noisy-le-Sec, Lyon et Niort (Deux-Sèvres).« La demande de renseignement, qui était à faire par le donneur d'ordre, n'était presque jamais réalisée. Disons qu'elle était faite dans 10 % des cas, et par l'entreprise qui faisait les travaux, explique Jacques Poudevigne. Le problème est qu'il n'y avait pas de centralisation de l'ensemble des concessionnaires de réseaux. Les plans n'étaient pas précis, c'était vraiment du n'importe quoi. On gérait ça par une discussion avec le propriétaire du terrain », poursuit le témoin. « Un gardien d'immeuble peut-il être le représentant du donneur d'ordres ? » questionne le président Dominique Pauthe, en écho aux déclarations de l'ingénieur lundi. Jacques Poudevigne ne sait qu'en dire.« Maintenant, GRDF est toujours présent pour les sondages »Une chose est sûre, éventrer une conduite de gaz en 2007 n'était pas rare. 1 200 incidents ont été recensés en Ile-de-France cette année-là, précise Me Isabelle Guttadauro, l'avocate de l'ingénieur. Dans la salle, les anciens locataires de la rue Gay-Lussac écoutent, en silence. Les derniers habitants qui n'avaient pas pu prendre la parole lundi s'avancent à la barre. Lors d'un témoignage poignant, une jeune femme lance avec retenue : « L'erreur est humaine, mais que des règles n'aient pas été respectées, j'ai beaucoup de mal à l'entendre. » Deux pères de famille quittent la salle, en pleurs.Depuis 2012, la réglementation a changé. Les concessionnaires sont désormais obligés de répertorier leur réseau plus précisément et un guichet unique, qui recense tous les réseaux a été créé, avec un numéro d'urgence. « GRDF est systématiquement présent pour les sondages », assure Jacques Poudevigne.