Procès historique et vrai casse-tête pour le tribunal

Un Rwandais est rejugé à partir de demain au palais de justice pour complicité de crimes contre l'humanité.

    Un amoncellement de 24 tomes pour la procédure, pas moins de 50 témoins dont un tiers arrive d'Afrique et déjà une vingtaine d'organes de presse accrédités. Le palais de justice de Bobigny s'apprête à accueillir demain un procès historique. Pascal Simbikangwa, condamné il y a deux ans à Paris à vingt-cinq ans de réclusion, est rejugé pour complicité de génocide et de crimes contre l'humanité contre les Tutsis au Rwanda en 1994. Ce procès, jugé notamment par des habitants de Seine-Saint-Denis qui feront partie du jury, est préparé depuis près d'un an.

    Si Bobigny a été choisi pour accueillir ce procès c'est parce qu'en dehors de Paris, c'est la seule cour d'assises du ressort à faire fonctionner simultanément deux sessions d'assises. Mais l'organisation n'a pas été une mince affaire. Car cette même année, le tribunal de Bobigny a dû gérer une sous-dotation en personnel qui l'a conduit à supprimer 20 % d'audiences. Présidence, parquet, greffe... Tout le monde planche. « Un comité de pilotage est en place depuis le mois de janvier », précise le président du tribunal de grande instance, Renaud Le Breton de Vannoise. Les grands procès, ce magistrat expérimenté a déjà pu en approcher de très près. C'est lui qui, en 2005, a présidé, 59 jours durant, celui de la catastrophe du Mont-Blanc, dont l'incendie avait fait 39 morts en 1999. A Bobigny, cette fois, il ne siégera pas. Procès d'appel oblige, président de la cour d'assises et avocat général viennent de la cour d'appel de Paris. Le tribunal de Bobigny, lui, fournit, en plus des locaux, deux juges, un huissier et un greffier à temps plein.

    Procédure, sécurité, locaux... Tous les pans de l'organisation ont été passés en revue

    Procédure, sécurité, locaux... Tous les pans de l'organisation ont été passés en revue. Le plus visible est l'extension du box des assises, avec la création d'une deuxième porte qui permet d'y faire entrer l'accusé en fauteuil roulant. Un greffier a eu la charge d'organiser la venue des témoins. A procès exceptionnel, gestion exceptionnelle. Une association prendra en charge leur séjour. Mais leurs billets d'avion sont financés avec l'enveloppe consacrée aux frais de justice.

    Bonus pour le tribunal de Seine-Saint-Denis, ce procès aura permis l'installation de la visioconférence dans la deuxième salle d'assises, à l'étage, puisque pendant deux mois la salle d'assises du bas servira exclusivement au procès de Pascal Simbikangwa. Une vigilance particulière est également portée aux abords du tribunal même s'il n'y a pas lieu de penser que ce procès présente d'importants risques de débordements.

    Le coût d'un tel procès est difficile à établir, selon les autorités, qui ont déjà du mal à estimer le coût global d'une année judiciaire. « Cela ne devrait pas mettre en difficulté la juridiction », relativise le président qui note toutefois que, du fait de ce procès, moins d'affaires seront jugées aux assises de Bobigny cette année.