À Sevran, le conseil participatif préfère l’agriculture urbaine à la vague de surf

L’instance mise en place par le maire Stéphane Blanchet dans le cadre du projet Terre d’eaux et de culture insiste sur sa vocation environnementale. Une direction qui apparaît incompatible avec la création d’une piscine à vagues.

Sevran, le 27 avril. C'est sur les terrains Montceleux, situés au nord-ouest de Sevran, que se concrétisera le projet Terre d'eaux et de culture.
Sevran, le 27 avril. C'est sur les terrains Montceleux, situés au nord-ouest de Sevran, que se concrétisera le projet Terre d'eaux et de culture.

    Plus les semaines passent et plus la vague, qui devait déferler sur Sevran semble refluer… Porté dès 2017 par le maire de l’époque Stéphane Gatignon (ex-EELV), ce projet a atterri dans les cartons de Stéphane Blanchet (DVG), qui lui a succédé en 2018. L’actuel premier magistrat n’a jamais caché ses doutes quant à l’opportunité d’une piscine à vagues artificielles sur un territoire où le taux de chômage dépasse les 20 %, quand il est de 13,9 % à l’échelle nationale selon l’Insee.

    Pour faire « atterrir » le projet, Stéphane Blanchet a décidé de le soumettre à une large concertation. Depuis son installation le 13 mars, un conseil participatif a longuement débattu, lors de plusieurs séances, autour de l’avenir des 32 hectares des terrains Montceleux, cœur de l’opération baptisée Terre d’eaux et de culture. L’instance est composée de 28 membres, répartis en quatre collèges : des habitants de Sevran, des futurs usagers du site en question, des représentants d’association et des élus.

    « L’objectif est de reconfronter les points de vue », explique Stéphane Blanchet, satisfait de la « vision élargie » et « pas du tout cliché », dont ont fait preuve selon lui les associations. Les quatre premières réunions « ouvertes », lors desquelles le promoteur Linkcity était représenté, ont été suivies de trois séances à huis clos, en présence seulement des 28 conseillers.

    « Nous cheminons vers un projet durable qui s’éloigne de la voie du divertissement »

    « C’est une vraie concertation publique et ce n’est pas si courant, salue Valérie Suner, directrice du théâtre de la Poudrerie et à ce titre membre du collège des futurs usagers. C’est intéressant de réfléchir à huis clos avec des experts sur des sujets, tels que l’agriculture urbaine, le champ sportif, l’utilisation de l’eau. »

    Au sein du conseil, « la vague n’a pas l’air de soulever un énorme enthousiasme », confie Valérie Suner. « Nous cheminons vers un projet durable, qui s’éloigne de la voie du divertissement », ajoute-t-elle. Farouche opposant du projet initial, qu’il ne juge pas viable écologiquement et économiquement, Francis Redon regrette la position du promoteur*.

    « LinkCity assure que sans la vague, il serait obligé de revoir les autres éléments du projet ― logements, continuité écologique, agriculture urbaine ― à la baisse, affirme le président d’Environnement 93. Ce n’est pas très sport. »

    Philippe Geffroy (LR) redoute cette perspective : « Comment allons-nous sortir de ce retrait ? Nous allons passer à la caisse. Mais la Ville ne pourra pas faire face à des indemnités compensatoires. »

    Opposé à « toute artificialisation des terres » et à la construction de nouveaux logements, le rival de Stéphane Blanchet a refusé de siéger au sein du conseil participatif, afin de dénoncer la faible représentativité des élus d’opposition en son sein. Il prendra donc connaissance de la nouvelle mouture du projet lors de sa restitution en conseil municipal, le 27 mai.

    * Linkcity n’a pas répondu à nos sollicitations.