Villepinte : la bâtonnière du barreau de Seine-Saint-Denis prend le pouls d’une prison surpeuplée

Ce mercredi, Stéphanie Chabauty, la nouvelle représentante de l’ordre des avocats dans le département, s’est rendue à la maison d’arrêt de Villepinte. Une visite impromptue qui a permis de confirmer que cette prison est toujours la plus suroccupée d’Île-de-France.

Villepinte, juillet 2020. Ce mercredi, la prison de Villepinte a reçu la visite surprise de la bâtonnière du barreau de Seine-Saint-Denis. LP/Carole Sterlé
Villepinte, juillet 2020. Ce mercredi, la prison de Villepinte a reçu la visite surprise de la bâtonnière du barreau de Seine-Saint-Denis. LP/Carole Sterlé

    Stéphanie Chabauty n’était jamais allée au-delà du parloir de la maison d’arrêt de Villepinte. Ce mercredi matin, la nouvelle bâtonnière du barreau de Seine-Saint-Denis s’est présentée pour une visite surprise avec d’autres membres du conseil de l’ordre pour inspecter la prison dans ses moindres recoins.

    Cette initiative se tenait dans le cadre de la journée nationale de visite des lieux de privation de liberté. Ce n’est pas la première fois qu’une délégation s’invite de façon impromptue dans une maison d’arrêt. Les parlementaires, le Défenseur des droits ont déjà pratiqué cet exercice, qui a pour but de toucher au plus près de la réalité de l’univers carcéral.

    Mais ne rentre pas qui veut entre ces quatre murs. Seule la bâtonnière a été autorisée à visiter les lieux. Des consignes de l’administration pénitentiaire avaient restreint au plus juste la jauge. Encadrée par le directeur de la prison de Villepinte Michaël Merci et de surveillants, elle a pu prendre le pouls de cette maison d’arrêt réputée pour être la plus peuplée d’Île-de-France.

    Construite pour une capacité de 582 détenus, elle en accueille actuellement 1 011. Environ 60 % sont des détenus qui ne sont pas (encore) condamnés, 40 % ont été jugés. « C’est l’inverse des autres maisons d’arrêt », précise Stéphanie Chabauty.

    Seul un secteur n’est pas touché par la surpopulation : le quartier des mineurs. Sur les 50 places, 28 sont occupées. « Cela reflète la politique pénale du parquet de Bobigny, qui privilégie les mesures alternatives à la détention provisoire », poursuit la bâtonnière, particulièrement sensible au sujet. Dans son cabinet, elle se consacre essentiellement aux mineurs auteurs ou victimes d’actes de délinquance.

    Les détenus atteints de problèmes psychiatriques « n’ont rien à faire en prison »

    Autre caractéristique de la population carcérale à Villepinte : 40 % sont des étrangers. La proximité de l’aéroport de Roissy l’explique en partie. Construite en 1991, la maison d’arrêt de Villepinte n’est pas la plus vétuste, mais les conditions de vie n’y sont pas optimales.

    En poussant la porte des cellules, la visiteuse du jour a pu se rendre compte que ces dernières, qui avaient été conçues pour une personne, en abritent deux, voire trois. « Il y a quatre cellules à trois détenus avec un matelas posé au sol », précise-t-elle. La majorité d’entre elles disposent de deux lits superposés. Chacune mesure entre 8,5 et 12 m². On y trouve une table, une armoire, un point téléphone et un petit cabinet de toilette fermé. « Les douches sont collectives » et « on les prend par quatre, un jour sur deux », précise-t-elle.

    Comme les autres lieux de privation de liberté, la prison de Villepinte se trouve démunie pour traiter les détenus atteints de problèmes psychiatriques. « Ils n’ont rien à faire en prison, souligne la bâtonnière. Mais on retient de moins en moins l’irresponsabilité pénale et les surveillants ne sont pas des infirmiers psychiatriques. » En ce moment, quatre d’entre eux, affectés de troubles sévères, sont en attente de transfert vers l’unité de soins qui se trouve à Villejuif (Val-de-Marne). Et celle-ci affiche complet.

    Ici aussi, surpopulation va de pair avec sous-effectifs. Villepinte emploie 254 personnes, dont 189 surveillants. La profession est en voie de féminisation. « Un tiers sont des femmes, note l’avocate. Ce qui pose des problèmes pour les palpations et les fouilles. » L’administration a du mal à recruter : « Huit postes d’officiers sont vacants et dix ont demandé à partir. » Cette visite fera l’objet d’un rapport, largement diffusé auprès des institutions.