Yaramba rêve de devenir agriculteur

Bobigny, hier. Yaramba, 41 ans, a connu plusieurs années de galère en France.
Bobigny, hier. Yaramba, 41 ans, a connu plusieurs années de galère en France. (LP/N.R.)

    Quand il pense à son petit village de la région de Kayes, Yaramba Dembélé se plaît à imaginer sa belle récolte de tomates rougies au soleil du Mali. Il dispose déjà d'un grand terrain. Ce n'est pas l'espace qui manque dans cette immense région devenue terre d'émigration. Et dans quelques mois, le rêve de Yaramba, 41 ans, deviendra réalité.

    Hier matin, dans les bureaux de l'Office français de l'immigration (Ofii), à Bobigny, il était impressionné de présenter son projet devant des officiels maliens et les autorités préfectorales françaises. A plusieurs titres. Yaramba, qui réside à Saint-Denis, est clandestin. En France depuis trois ans, sans perspectives, il s'est résolu à rentrer au Mali. Sa femme et ses deux enfants y vivent. Son père l'encourage à revenir.

    Ses emplois de saisonnier lui ont donné de l'expérience

    Peu à peu l'idée a mûri dans sa tête. Un premier entretien avec un agent de l'Ofii à Bobigny l'a convaincu. « Je n'ai pas de travail, j'ai trop de soucis et je suis seul. Alors qu'au Mali, j'ai une famille et un terrain. »

    Cela n'a pas été toujours le cas. Il y a seize ans, Yaramba s'était envolé vers la France plein d'espoir, encouragé par les siens. « Chez les jeunes Maliens, la France représente le seul avenir  », confie Massega Diallo, représentante de l'Ofii à Bamako, la capitale du pays.

    Le jeune migrant trouve un travail en France, mais en 2003, il est expulsé. Aussitôt, il repart à l'assaut de l'Europe, cette fois en s'adressant à des passeurs. Sept jours pour traverser la Mauritanie et rejoindre l'Espagne. Il devient saisonnier dans la région de Barcelone pendant cinq ans, mais garde toujours l'espoir de revenir en France.

    Le retour dans la région parisienne sera semé de galères. Trois longues années sans travailler et donc sans envoyer d'argent à ses proches. Yaramba tente de se faire régulariser. Sa demande est rejetée. Le voilà frappé par une OQTF (obligation de quitter le territoire français). Mais désormais, un large sourire éclaire son visage quand il décrit son projet agricole. Il veut transposer le savoir-faire acquis en Espagne quand il était saisonnier. Il revient sur sa terre natale aussi « pour retenir ses trois petits frères ». Comme tant d'autres, ceux-ci rêvent d'Europe. Yaramba garde en mémoire le souvenir d'un autre frère, mort au milieu du Sahara libyen en voulant gagner l'Europe : « Je n'ai pas oublié cela », confie-t-il pudiquement.